The Beast : Bête de sexe
Cinéma

The Beast : Bête de sexe

Très librement inspiré de La Belle et la Bête et du Petit Chaperon rouge, La Bête (ici en nouvelle copie 35 mm) raconte la malheureuse histoire d’un gros bêta répondant au nom de Mathurin qui doit épouser une jeune fille de bonne famille pour sauver l’honneur de la sienne. Oubliez le lyrisme de Cocteau ou la joliesse de Disney. Dès les premières images, on se croirait dans un documentaire sur la vie sexuelle des équidés.

Salué pour ses films d’animation à l’humour noir et aux accents surréalistes, le réalisateur polonais Walerian Borowczyk (Le Théâtre de M. et Mme Kabal) se détourne de sa vocation première à la fin des années 60 pour réaliser des longs métrages en France, dont le cruel Blanche (1971) avec Michel Simon. Et en 1974, Borowczyk s’engage à fond dans l’érotisme avec ses Contes immoraux. Le cinéaste doit cependant rejeter un cinquième segment jugé trop obscène pour l’époque. Cette séquence, qui met en scène une aristocrate prise en chasse par une monstrueuse créature bipède membrée à en faire pâlir d’envie Ron Jeremy, sera reprise l’année suivante dans La Bête. Toutefois, le film sera banni pendant 25 ans et entachera durement la carrière de Borowczyk.

Très librement inspiré de La Belle et la Bête et du Petit Chaperon rouge, La Bête (ici en nouvelle copie 35 mm) raconte la malheureuse histoire d’un gros bêta répondant au nom de Mathurin qui doit épouser une jeune fille de bonne famille pour sauver l’honneur de la sienne. Oubliez le lyrisme de Cocteau ou la joliesse de Disney. Dès les premières images, on se croirait dans un documentaire sur la vie sexuelle des équidés. Par la suite, on nous présente les péripéties répétitives et sans intérêt de cette famille dénaturée habitant un château décrépit infesté d’escargots (bonjour la métaphore sexuelle!). Heureusement, les dialogues sonnent si creux et les acteurs jouent si faux que le tout devient hilarant. Puis arrive (enfin?) la pièce de résistance, lorsque la future mariée sombre dans les bras de Morphée – après une séance de masturbation avec une rose (long plan frontal et statique propre à provoquer le sommeil) – pour rêver à la malheureuse ancêtre de son fiancé. Ce qui s’annonce comme un coquin tableau bucolique à la Fragonard se transforme en une scène à caractère pornographique où le sperme coule à flots et où un morceau de clavecin de Scarlatti menace de réveiller les morts. Certes, on retrouve quelques touches surréalistes qui rappellent Buñuel et un soupçon du goût pour la provocation et la cruauté de Pasolini, mais Walerian Borowczyk n’en avait pas le génie. Ou du moins, le cinéaste avait déjà perdu toute son inspiration, ce dont souffrira son oeuvre subséquente, parmi laquelle figure Emmanuelle 5 (sans la légendaire Sylvia Kristel). Psychotronique.

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