Secret de banlieue / Louis Choquette : Petit format
Cinéma

Secret de banlieue / Louis Choquette : Petit format

Grâce à des réalisateurs comme Patrice Sauvé (La Vie, la vie) et Luc Dionne (Omertà ; Bunker, le cirque), le paysage télévisuel québécois est en train de changer. Et sachant que Louis Choquette (2 Frères, Tabou) sautait du petit au grand écran, on espérait que le courant continuerait de passer en changeant de format. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Grâce à des réalisateurs comme Patrice Sauvé (La Vie, la vie) et Luc Dionne (Omertà ; Bunker, le cirque), le paysage télévisuel québécois est en train de changer. Et sachant que Louis Choquette (2 Frères, Tabou) sautait du petit au grand écran, on espérait que le courant continuerait de passer en changeant de format. Ce n’est malheureusement pas le cas.

Avant même de pouvoir lui faire ce reproche, le réalisateur se défend d’avoir voulu réinventer le cinéma avec Secret de banlieue: "Je le vois comme un petit film sans prétention, relativement ludique. On souhaitait faire un film divertissant qui soit aussi intelligent." Il ajoute qu’il ne le considère pas comme son "vrai" premier long métrage puisqu’il s’agit d’un film de commande de la maison de production Cirrus, qui avait deux exigences: que ce soit un suspense psychologique et qu’il soit tourné en caméra vidéo. Scénaristes chevronnés, Annie Piérard et Bernard Dansereau (Annie et ses hommes) ont alors proposé le thème de la surprotection de l’enfant en banlieue. Se sentant responsable de la mort de sa femme et de sa fille aînée, David (Jean-François Pichette) a développé une obsession envers la cadette, Ariane (Joannie Lemay), qu’il surprotège au point de mettre la vie de celle-ci en danger. Le jour où la fillette se lie d’amitié avec Catherine (Roxanne Gaudette-Loiseau), une pré-ado marquée par le divorce de ses parents, David est prêt à tout pour séparer les deux filles, sans pour autant éveiller les soupçons de la mère de Catherine (Élise Guilbault), qui cherche à le séduire.

Choquette explique: "On ne voulait pas poser un regard sur un psychopathe et l’accompagner dans ses méfaits, mais plutôt montrer un père qui aime trop, qui aime mal. Ce sont des sentiments que l’on peut connaître à différents degrés." Mais il ne faudrait pas y voir une illustration de l’échec du patriarcat: "C’est avant tout un regard sur deux jeunes filles qui découvrent qu’il y a un loup dans la bergerie. On ne prétend pas analyser la masculinité et la place du père dans la famille." D’accord. N’empêche, le film repose en grande partie sur ce sujet…

Avec les auteurs, Choquette a longtemps discuté des codes du thriller pour conclure… qu’il bâtirait ses propres mécanismes en fonction des personnages. Le réalisateur voulait faire ce qu’il aime le plus, à savoir fouiller l’humain et créer des univers familiaux. "Je trouve même que le scénario est plus près d’une émission de télé que d’un film." Secret de banlieue est donc un modeste téléfilm à petit budget; un thriller ensoleillé tourné à hauteur d’adolescentes qui s’adresse à un public familial aimant frémir en toute quiétude à la maison. Par moments, on se croirait même devant un film destiné au Canal Vie tant les intentions sont soulignées à gros traits. Et la finale est vite expédiée. Les acteurs jouent cependant avec conviction: Jean-François Pichette se montre à la fois doux et menaçant, et Roxanne Gaudette-Loiseau, insolente à souhait. Mais malgré la caméra nerveuse de Jean-Pierre Saint-Louis (directeur photo de Robert Morin), le montage serré d’Éric Drouin (La Vie, la vie) et quelques effets-chocs, Secret de banlieue s’avère trop sage pour bouleverser la faible tradition du thriller québécois.

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