I Cento Passi : La bête humaine
Cinéma

I Cento Passi : La bête humaine

À l’heure où l’on discerne à peine la droite de la gauche en Occident, les Italiens se démarquent. Berlusconi attise bien les flammes, et tout ce qui peut aider la gauche semble bienvenu. Surtout quand ça vaut le coup d’oeil. Ainsi, ce petit retour en arrière et crash course sur la mafia: I Cento Passi (One Hundred Steps), de Marco Tullio Giordana (Pasolini, mort d’un poète); un film gagnant à Venise et en nomination aux Golden Globes l’année dernière, et qui ne mériterait pas de passer inaperçu, car il est bien fait. Simple et clair.

À l’heure où l’on discerne à peine la droite de la gauche en Occident, les Italiens se démarquent. Berlusconi attise bien les flammes, et tout ce qui peut aider la gauche semble bienvenu. Surtout quand ça vaut le coup d’oeil. Ainsi, ce petit retour en arrière et crash course sur la mafia: I Cento Passi (One Hundred Steps), de Marco Tullio Giordana (Pasolini, mort d’un poète); un film gagnant à Venise et en nomination aux Golden Globes l’année dernière, et qui ne mériterait pas de passer inaperçu, car il est bien fait. Simple et clair.

I Cento Passi, c’est le nombre de pas entre la maison familiale de Peppino Impastato et celle de Tano Badalamenti, le mafieux notoire d’une petite ville de Sicile dans les années 70. Histoire vraie d’un enfant du pays qui s’est battu contre la mafia, jusqu’à sa fin, en 1978, à l’âge de 30 ans. Ce film est intéressant parce qu’il est réussi sur deux tableaux; celui d’une relation fils rebelle et père soumis, confrontation déchirante qui s’inscrit dans le courant contestataire des années 70, mais qui est doublée ici d’une nécessité politique plus grave qu’un problème générationnel. Et puis cette présentation de la mafia, dont on n’explique pas le rôle, mais dont on perçoit les effets; évidence, peur et inquiétude mêlées. Quand on apprend à la fin du film que le président Aldo Moro est assassiné la même semaine que Peppino Impastato, la scène du crime s’élargit d’un coup. Et le ton badin, un peu chronique de province, avec un Impastato fougueux qui gueule dans sa radio ou qui arrête des tracteurs, n’est plus de mise. On comprend alors aisément le moment précis où les choses ont changé: quand, la tête pleine de lutte prolétarienne, de Procol Harum et de Janis Joplin, on a découvert combien la bête était tentaculaire et dangereuse.

Avec une faiblesse de rythme en milieu de parcours, où la rébellion piétine un peu, on retient du film les belles scènes d’ouverture, qui installent le personnage: un repas de famille, un homme à qui l’on doit le respect, un oncle aimé qui meurt, et un petit garçon au regard intelligent qui refuse la normalité de cette mort.

Le film est bavard et musical, mais les dialogues – ceux qui doivent faire passer les discours – sont sensibles. Tout comme le jeu des acteurs, intense et charismatique, surtout celui de Luigi Lo Cascio, acteur de théâtre qui prend ici le rôle principal. Film atypique sur la mafia, avec une bonne tension.

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