Das Experiment : Abus de pouvoir
Cinéma

Das Experiment : Abus de pouvoir

Récipiendaire de nombreux prix, dont celui de la mise en scène lors du FFM l’année dernière, Das Experiment d’Oliver Hirschbiegel est une adaptation du roman de Mario Giordano, The Black Box, lequel est inspiré du Stanford Prison Experiment. En 1971, Philip Zimbardo du Département de psychologie de l’Université Stanford de Californie embauche une vingtaine d’étudiants destinés à devenir les cobayes d’une expérience sur le comportement entre les gardiens et les prisonniers en milieu carcéral.

Récipiendaire de nombreux prix, dont celui de la mise en scène lors du FFM l’année dernière, Das Experiment d’Oliver Hirschbiegel est une adaptation du roman de Mario Giordano, The Black Box, lequel est inspiré du Stanford Prison Experiment. En 1971, Philip Zimbardo du Département de psychologie de l’Université Stanford de Californie embauche une vingtaine d’étudiants destinés à devenir les cobayes d’une expérience sur le comportement entre les gardiens et les prisonniers en milieu carcéral. Le projet devait durer 14 jours. Or, au bout de six jours, les chercheurs ont dû y mettre un terme parce que le comportement des gardiens était devenu trop sadique et que les prisonniers présentaient des symptômes de dépression.

Campé en Allemagne, Das Experiment met en scène 20 hommes ordinaires qui répondent à une petite annonce leur promettant la somme de 2000 $ s’ils se prêtent à ce genre d’expérience. Huit d’entre eux incarneront les gardiens, les 12 autres, les prisonniers. Parmi le second groupe, Tarek Fahd (Moritz Bleibtreu, de Cours, Lola, cours), un journaliste qui compte bien en tirer une bonne histoire. De là, la faiblesse du scénario. Bien que Tarek provoque volontairement l’excitation par son attitude rebelle, le comportement des gardiens devient despotique en un rien de temps. De même, les éléments du cadre de l’expérience provoquent l’incrédulité, tels l’absence de caméra dans certaines pièces, un seul surveillant la nuit et la négligence du professeur. Expérience scientifique ou reality show? À ces critiques, Hirschbiegel rétorque que le climat était bien pire à Stanford, et que les scientifiques n’avaient pas prévu que leurs cobayes agiraient de la sorte, d’où le nombre insuffisant de surveillants. De plus, la présence sporadique de la maîtresse de Tarek (Maren Eggert) brise inutilement la tension du récit. Pour sa part, le réalisateur croit que ces scènes empreintes de sensualité sont essentielles puisqu’elles permettent de mieux supporter la grande violence et d’illustrer la nature des rêveries d’un prisonnier.

Rien à reprocher à la mise en scène qui s’avère d’une grande efficacité. Hirschbiegel crée une atmosphère oppressante en multipliant les angles de vue, exploitant ainsi le plein potentiel de ces lieux gris, froids et dénudés. Et quand un ami lui a parlé de caméra d’espionnage, il n’a pas hésité à pourvoir le journaliste d’une mini-caméra dissimulée dans une paire de lunettes (opérée par Bleibtreu). Hirschbiegel n’a cependant pas voulu que ce soit une image de grande qualité afin de donner une dimension plus clandestine à l’entreprise.

La direction d’acteurs est impeccable. Venus pour la plupart du théâtre, les comédiens ont des physiques singuliers et s’investissent à fond dans leurs personnages. Le réalisateur les a fait participer à des mises en situation, allant jusqu’à échanger les rôles pour s’assurer que le casting était parfait. Afin que la tension soit sans cesse grandissante, le tournage s’est fait dans l’ordre chronologique. Hirschbiegel avoue qu’il ne savait pas toujours si c’était l’acteur ou le personnage qui répondait lors des scènes d’interrogatoire, lesquelles étaient improvisées. Rare voit-on un si grand nombre de personnages aussi puissants. Une expérience plus que satisfaisante.

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