Swept Away : Madonna à la plage
Cinéma

Swept Away : Madonna à la plage

En 2002, voilà que Madonna joue une riche New-Yorkaise détestable dans le remake tout à fait inutile et aseptisé de l’oeuvre de Wertmuller, Swept Away, de son mari Guy Ritchie. Sensiblement le même, le récit ne possède plus du tout le mordant de l’original; le réalisateur-scénariste a gommé tout le cynisme de la parabole sociopolitique. Exit les réflexions marxistes et place aux commentaires oiseux sur le confort nord-américain.

En 1974, la controversée réalisatrice italienne Lina Wertmuller tourne la comédie satirique Vers un destin insolite sur les flots bleus de l’été (Swept Away). Fable corrosive sur la lutte des classes et des sexes, le film met en scène une bourgeoise qui échoue sur une île déserte avec un marin communiste envers qui elle s’est comportée de façon odieuse. Les rôles s’inversent, les coups et les répliques cinglantes fusent. Les ficelles sont grosses, mais le tout est réjouissant. Dans une scène célèbre, madame, éperdue d’amour pour monsieur, lui demande de la sodomiser. Et vlan pour le capitalisme!

En 2002, voilà que Madonna joue une riche New-Yorkaise détestable dans le remake tout à fait inutile et aseptisé de l’oeuvre de Wertmuller, Swept Away, de son mari Guy Ritchie. Sensiblement le même, le récit ne possède plus du tout le mordant de l’original; le réalisateur-scénariste a gommé tout le cynisme de la parabole sociopolitique. Exit les réflexions marxistes et place aux commentaires oiseux sur le confort nord-américain. Swept Away (À la dérive, en bien nommée version française) se révèle ainsi une pénible comédie sentimentale dont les répliques s’avèrent à peu près aussi profondes que les paroles de Material Girl. Les claques sur la gueule demeurent, mais la sodomie n’est évidemment plus au programme. Faut pas trop choquer la bienséance.

Réputé pour ses comédies policières énergiques et branchées (Lock, Stock and Two Smoking Barrels et Snatch), Ritchie a dû souffrir d’une terrible insolation durant le tournage tant sa réalisation est molle et sans imagination, hormis les quelques petites fantaisies qui n’apportent rien qui vaille. Même les scènes d’amour ne dégagent aucune sensualité ou quelconque animalité. Le courant ne passe pas entre la star nombriliste et Adriano Giannini (qui reprend le rôle de son père, Giancarlo). Fière de sa musculature, Madonna se pavane, pose en bikini noir et se paye un tour de chant au mitan du récit, le temps d’apparaître dans une brillante robe jaune Versace et entourée d’un band latino, une idée de la chanteuse! Plus séduisant mais moins truculent que son paternel, Giannini fils semble parfois pris au dépourvu face à son exsangue partenaire qui n’a rien de la pétillante Mariangela Melato qui donnait la réplique à son papa. Bref, vaut mieux relouer l’original.

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