Balzac et la petite tailleuse chinoise : Par mots et par vaux
Cinéma

Balzac et la petite tailleuse chinoise : Par mots et par vaux

Luo et Ma (Chen Kun et Liu Ye) sont fils de médecin et de scientifique, ce qui, dans la Chine de Mao, leur vaut un séjour dans un camp de rééducation. Dans les montagnes du Tibet, auprès de villageois incultes, les deux garçons travaillent dur et apprennent la débrouillardise. Ils peuvent jouer du violon puisqu’ils disent que Mozart glorifie Mao, et piquent une valise de livres "subversifs", dont Eugénie Grandet de Balzac, pour satisfaire leur soif culturelle. Un livre qu’ils miment et qu’ils lisent à la jolie tailleuse (Ziiou Xun), petite-fille du tailleur du village, et objet de leur  affection.

Luo et Ma (Chen Kun et Liu Ye) sont fils de médecin et de scientifique, ce qui, dans la Chine de Mao, leur vaut un séjour dans un camp de rééducation. Dans les montagnes du Tibet, auprès de villageois incultes, les deux garçons travaillent dur et apprennent la débrouillardise. Ils peuvent jouer du violon puisqu’ils disent que Mozart glorifie Mao et piquent une valise de livres "subversifs", dont Eugénie Grandet de Balzac, pour satisfaire leur soif culturelle. Un livre qu’ils miment et qu’ils lisent à la jolie tailleuse (Ziiou Xun), petite-fille du tailleur du village, et objet de leur affection. Dai Sijie, Chinois, Parisien depuis 15 ans, a écrit en français cette histoire, Balzac et la petite tailleuse chinoise, qui fut le best-seller de l’hiver 2000, traduit en 25 langues (sauf en chinois). Ancien étudiant de l’IDHEC (il a réalisé Chine, ma douleur, pour lequel il a reçu le prix Jean-Vigo en 89; Tang le Onzième, qui fut un bide; et Le Mangeur de lune), il a naturellement décidé d’adapter son histoire au cinéma.

Autour de ses trois ans passés dans un camp, et de son amour de la littérature, Sijie a construit une autobiographie romancée, qu’il enjolive à loisir: "Je crois que le film est plus émouvant, et le livre plus drôle, racontait-il en entrevue lors du dernier FFM. Je voulais accentuer l’histoire d’amour dans le film." Dans de magnifiques paysages montagneux, autour d’un village coincé dans les hauteurs, vraiment comme une île sur le toit du monde, Sijie a donc poussé la romance – tout comme la littérature, l’amour donne en effet des ailes. La drôlerie du vieux tailleur influencé jusque dans son travail par le style de Balzac est à peine esquissée. Reste que le film est à l’image du livre: une fresque rocambolesque qui rend hommage à la littérature, surtout française. "Les livres ont changé ma vie, précise Dai Sijie. Maintenant, à savoir si c’est dans le bon ou le mauvais sens… Personne ne peut dire que la société occidentale apporte le bonheur." Sijie a écrit en français son amour profond pour Balzac et Flaubert; cela a flatté la France; et malgré des difficultés administratives et physiques pour orchestrer un tournage en montagne, la production a eu facilement le feu vert: la société occidentale lui est plutôt douce… "Je n’ai pas cherché à faire quelque chose de politiquement correct, ni pour les Occidentaux, ni pour les Chinois, mais juste à faire un film nostalgique."

Ça, c’est sûr. Le film baigne dans le bon vieux temps, juste rendu bon parce qu’il est passé. Mélange calibré de petits drames (vie au camp difficile, brimades et liberté entravée), de grandes évasions (littéraire, cinématographique et sensuelle) et de comédie (le chef du village, plus borné que tyrannique), Balzac et la petite tailleuse chinoise est un film dans lequel on peut passer une grande partie à s’ennuyer. Tension inexistante quant à l’avenir des personnages (on se désintéresse assez rapidement d’eux) et finale en grosse bouffée de nostalgie mélo: mieux vaut prendre le film comme une fresque qui, au mieux, peut donner envie de relire Flaubert et Balzac et, au pire, permet un dépaysement à peu de frais.

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