Secretary : En surface
Cinéma

Secretary : En surface

Ce film a gagné le Prix spécial du jury à Sundance cette année. Ce qui laisse sous-entendre que Sundance n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ou que le sexe est encore la meilleure porte d’entrée possible pour faire parler de soi. Reste que ce n’est pas fort. Pourtant, dans le dossier de presse, le réalisateur Steven Shainberg se défend bien d’avoir fait un film soft porn. En effet, on ne voit pas grande nudité, ni d’accouplements à répétition dans Secretary. Mais on y raconte une histoire d’amour sadomasochiste. Ce n’est pas porno, mais quand même sexy et intime. Et surtout très ennuyeux.

Ce film a gagné le Prix spécial du jury à Sundance cette année. Ce qui laisse sous-entendre que Sundance n’avait pas grand-chose à se mettre sous la dent. Ou que le sexe est encore la meilleure porte d’entrée possible pour faire parler de soi. Reste que ce n’est pas fort. Pourtant, dans le dossier de presse, le réalisateur Steven Shainberg se défend bien d’avoir fait un film soft porn. En effet, on ne voit pas grande nudité, ni d’accouplements à répétition dans Secretary. Mais on y raconte une histoire d’amour sadomasochiste. Ce n’est pas porno, mais quand même sexy et intime. Et surtout très ennuyeux.

Lee (Maggie Gyllenhaal) est une adepte de l’automutilation, et sort d’un institut psychiatrique pour devenir secrétaire d’un avocat étrange, monsieur Grey (James Spader). Elle fait des fautes de typographie en tapant son courrier, il lui donne la fessée en retour. Chacun son truc. Une relation va ainsi se bâtir, en dépit d’un petit ami trop normal, Peter (Jeremy Davies), d’un père alcoolo (Stephen McHattie) et d’une mère soumise (Lesley Ann Warren). En dépit aussi du qu’en-dira-t-on, de la honte et autre chichi moral, ils finiront l’un et l’autre par accepter leur déviance. Secretary, c’est tout va bien dans le beau monde de la banalisation sexuelle.

Le film, tiré d’une nouvelle de la collection Bad Behavior, de Mary Gaitskill, est très tendance, s’inscrivant dans la conformation du sadomasochisme. Dior en fait bien des pubs, pourquoi n’en ferait-on pas du cinéma? On a droit à de longs plans de Maggie Gyllenhaal, lèvres humides et regard par en dessous (le regard qui veut dire sexe, lubricité et perversion au cinéma depuis son invention), qui s’inspecte les fesses pour voir si elles sont rouges. Cette demoiselle sait pleurer, mais elle joue mal; étonnant de constater que le réalisateur derrière son oeilleton n’a pas remarqué à quel point son jeu de nunuche coincée, avec voix enfantine, rire incongru et tortillement de cheveux, sonnait faux. On a droit aussi aux angoisses muettes de Spader (spécialiste du malsain depuis Sex, Lies and Videotape), inintéressant à force d’être énigmatique, avec son regard fixe de rongeur. Le reste de l’action, lente à se dérouler et à aboutir, se situe dans les va-et-vient des personnages dans le superbe cabinet d’avocats à la déco gothique et zen. Ça aussi, très tendance. Bref, rien de surprenant dans ce panpan cucul en huis clos. Tout est prévisible, de la musique planante de Badalamenti aux orchidées – symbole de goût sophistiqué -, en passant par le style vestimentaire très années 80 (Helmut Newton?) de la secrétaire soumise. Faire passer cette histoire plate, simplement sulfureuse dans le propos, pour une métaphore sur le couple et sur l’amour, c’est faire l’économie de la réflexion et de l’émotion. Du papier glacé.

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