Frida : La vie d’artiste
Le choix de Julie Taymor à la tête de cette luxueuse biographie de la peintre Frida Kahlo semble tout bonnement naturel.
On lui avait déjà reconnu un grand talent de mise en scène à l’image léchée de son accessible Titus, et maintenant, le choix de Julie Taymor à la tête de cette luxueuse biographie de la peintre Frida Kahlo semble tout bonnement naturel. Deux femmes à l’aise avec une palette vibrante de teintes saturées, rehaussant l’émotion dans un milieu plutôt masculin.
On n’y échappe pas dans les films retraçant la vie d’un artiste: 0n doit distribuer quelque peu chronologiquement ce qui semble être les événements saillants d’une vie. Mais on a l’occasion d’y insuffler un peu d’art et de poésie. Or, Frida se pare de l’un comme de l’autre. Alors on suit Frida (Salma Hayek, qui a claironné fort pour monter ce projet) de l’adolescence à sa mort, en 1954 (à 47 ans), après une longue souffrance aux multiples séquelles physiques, résultat d’un accident de tramway et inspiration de nombre de ses toiles au style surréaliste. Très tôt, elle rencontrera le grand fresquiste Diego Rivera (Alfred Molina, à la présence magistrale) avec qui elle vivra une relation tumultueuse: lui, un impulsif consommateur de femmes, et elle, rêvant de loyauté dans cette union. On aurait pu appeler le récit Diego et Frida, vu l’importance accordée aux deux artistes.
Le film est une généreuse exposition de qualité et de bon goût. Aucun élément ne fut négligé pour rendre l’enivrante expérience: on accumule les jeux visuels (superpositions, collages, types de pellicule) dont quelques superbes trompe-l’oeil imitant des tableaux de Kahlo, où Hayek, peinte, prend exactement la pose. Le récit coule tout seul comme un limpide vernis qui ne craque pas, offrant une savante composition de portraits humains; on n’a qu’à prendre les divers membres de la famille Kahlo, qui vont et viennent mais qui ne perdent en rien de leur intensité. La costumière Julie Weiss (American Beauty, 12 Monkeys) se surpasse dans sa tâche, elle régale notre oeil dans cette opposition vestimentaire: Frida en tons criards; Diego en tons terreux.
Petit bémol quant au jeu de Hayek, qui, il faut l’avouer, possède une bouille similaire à celle de l’artiste mais ne convainc pas entièrement car sa personnalité transparaît trop au détriment du personnage. Un parallèle s’établit entre le film et un tableau de Kahlo, c’est coloré et intense, avec cette puissante humanité qui transparaît.
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