Scarlet Diva : Nombrilisme trash
Avec la démocratisation qu’apporte la caméra vidéo digitale (aux coûts dramatiquement réduits), il y a augmentation du nombre de "cinéastes", et surtout, il y a diminution de la qualité des films, cette dernière perdue dans un foisonnement, un magma d’oeuvres inabouties.
Avec la démocratisation qu’apporte la caméra vidéo digitale (aux coûts dramatiquement réduits), il y a augmentation du nombre de "cinéastes", et surtout, il y a diminution de la qualité des films, cette dernière perdue dans un foisonnement, un magma d’oeuvres inabouties.
Ce phénomène touche particulièrement Scarlet Diva, écrit, joué et réalisé par la mini-reine du film d’horreur italien Asia Argento (Les Morsures de l’aube, XXX – une figure-culte comparable à une Parker Posey dans le circuit indépendant américain), un exemple de nombrilisme gênant provenant de la fille de Dario Argento.
Nous suivons la trajectoire houleuse d’Anna Battista (Mlle Argento), une actrice en vogue, qui s’adonne au sexe, aux drogues mais pas au rock’n’roll, ou du moins pas avant qu’elle ne craque pour Kirk (Jean Shepard), un musicien aux allures grunge, qui lui fera accidentellement un enfant. Au-delà de sa carrière d’actrice, Anna est une fille en quête d’elle-même, sur mode autodestruction.
Que Scarlet Diva se veuille une exploration empreinte d’autobiographie, on pourrait acquiescer si c’était digne d’intérêt. Or, ce parcours est fastidieux et éreintant tellement cette actrice se plaît à valser avec son miroir. Il y a Anna la défoncée (scènes de drogues), l’entêtée (scènes de coups de gueule), la convoitée (scènes de séduction) et la pute (scènes où elle se donne quasiment au premier venu), un personnage que l’on ne quitte jamais, et tout ça est enroulé dans une prestation éclatée, en chute libre, sans la poigne d’une présence solide derrière la caméra (lire direction d’acteur).
Devrait-on qualifier cela de grandiloquence "trash", du genre je me filme parce que je peux, ou d’essai libre d’une piètre auteure qui cherche à susciter une réaction? C’est sûrement pas en exhibant son tatouage d’ange aux pieds enfouis dans les poils de son pubis avant de faire l’amour avec Kirk, ou bien, rondement enceinte, de chuter à plat ventre devant une madone toute suppliante, pour que l’émotion soit au rendez-vous. Malgré le soin évident de rendre l’image intéressante et dynamique, on se demande durant la projection comment les producteurs ont laissé passer ce film replié sur lui-même et qui mène nulle part. Parce qu’avec le digital, l’investissement de base est minime et que les producteurs sont Dario et Claudio Argento. En Italie, la famille pardonne énormément de travers.
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