The Truth About Charlie : Des Américains à Paris
Cinéma

The Truth About Charlie : Des Américains à Paris

Quand vous savez ce que goûte le champagne et qu’on vous refile, mine de rien dans une flûte, du Canada Dry, il y a de quoi faire la tête. Qui aurait pu croire que Jonathan Demme, le réalisateur aguerri de The Silence of the Lambs, Philadelphia, et même de Beloved, qui ne manquait pas d’humanité, puisse oser une daube pareille? Demme est un fan de Charade, l’adorable thriller romantique de 1963, signé Stanley Donen. Il a décidé de le refaire. Quelle étrange manie de faussaire que de vouloir copier ce qu’on  aime…

Quand vous savez ce que goûte le champagne et qu’on vous refile, mine de rien dans une flûte, du Canada Dry, il y a de quoi faire la tête. Qui aurait pu croire que Jonathan Demme, le réalisateur aguerri de The Silence of the Lambs, Philadelphia, et même de Beloved, qui ne manquait pas d’humanité, puisse oser une daube pareille? Demme est un fan de Charade, l’adorable thriller romantique de 1963, signé Stanley Donen. Il a décidé de le refaire. Quelle étrange manie de faussaire que de vouloir copier ce qu’on aime… Hélas, le réalisateur n’a trouvé ni le bon ton, ni les bons acteurs, ni la bonne approche pour son copiage. Naguère, dans un chassé-croisé parisien plein de suspense et d’esprit, se rencontraient Cary Grant, Audrey Hepburn, James Coburn et Walter Matthau. Dans The Truth About Charlie, Mark Walberg (trop de muscles et un air de bovin) promène un ennui abyssal dans cette ville qui ne lui convient pas; Thandie Newton aurait le minois adéquat, mais certainement pas la finesse de jeu; et Tim Robbins semble se foutre royalement de son personnage, le poussant jusque dans des caricatures stupides, imbuvable dans l’infiniment longue scène finale.

On comprend que Demme a voulu exagérer la mise, jouant sur l’improbabilité d’une telle situation. Et il fonce dans le Paris de carte postale, avec des icônes du passé: Pierre Carré, chanteur peu connu en dehors de Pigalle; pathétique Anna Karina; gênant Charles Aznavour et Agnès Varda, en fantôme. Et il en rajoute sur le côté "canaille": béret, engueulades en fond sonore, pluie, danse lascive, Gauloises filtre, et femme flic très homme (pauvre Christine Boisson)… C’est comme si on avait enlevé tout le charme du film précédent – dialogues fins, musique, jeux et rythme du suspense – pour le remplacer par une grosse farce mal foutue adaptée à un Paris de Las Vegas… Débile.

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