Roger Dodger : La drague
Cinéma

Roger Dodger : La drague

Premier film à être tourné à Manhattan après les attentats du 11 septembre, Roger Dodger de Dylan Kidd se déroule en une suite de huis clos sombres, enfumés et mouvementés, allant du 5 à 7 dans un cruising bar à une chic réception privée, jusqu’au bordel clandestin. Film de têtes parlantes à la caméra fureteuse, Roger Dodger, qui se présente comme une version moins cruelle mais plus nuancée d’In the Company of Men de Neil LaBute, traite d’un sujet toujours très chaud: la guerre des sexes.

Premier film à être tourné à Manhattan après les attentats du 11 septembre, Roger Dodger de Dylan Kidd se déroule en une suite de huis clos sombres, enfumés et mouvementés, allant du 5 à 7 dans un cruising bar à une chic réception privée, jusqu’au bordel clandestin. Film de têtes parlantes à la caméra fureteuse, Roger Dodger, qui se présente comme une version moins cruelle mais plus nuancée d’In the Company of Men de Neil LaBute, traite d’un sujet toujours très chaud: la guerre des sexes.

Récemment largué par sa maîtresse – et patronne – (Isabella Rossellini, rayonnante), Roger (Campbell Scott) est un publicitaire cynique, immature et détestable. Persuadé que son travail consiste à dévaloriser les gens afin qu’ils ressentent le besoin d’acheter des produits, Roger applique la même recette pour séduire les femmes. Bien naïf et immonde de sa part. Les femmes qu’il rencontre ont tôt fait de deviner l’astuce et de l’envoyer paître. D’où des échanges incisifs et jouissifs.

D’entrée de jeu, l’ensemble se révèle très bavard, les conversations portant essentiellement sur le sexe et les jeux de pouvoir. Les acteurs éprouvent un plaisir palpable à s’envoyer des répliques savoureuses et piquantes. S’inspirant de Wong Kar-Wai (Chungking Express) et d’Éric Zonca (La Vie rêvée des anges), le réalisateur-scénariste propose une mise en scène fluide et stylisée qui traduit la spontanéité des interactions entre les protagonistes. Toutefois, les mouvements constants de la caméra à l’épaule, surtout lors d’un cadrage serré sur un personnage quasi immobile, finissent par lasser.

Malgré la noirceur de certains propos, Roger Dodger demeure assez léger. Heureusement, car pareille figure centrale peut devenir lourde à supporter. Pourtant, Roger éveille peu à peu la compassion lorsqu’il se retrouve confronté à son neveu Nick (Jesse Eisenberg), un romantique puceau de 16 ans qui veut profiter des leçons de séduction de son aîné. Le maître se rend compte que l’élève a bien des choses à lui apprendre grâce aux propos révélateurs de deux femmes rencontrées dans un bar (Elizabeth Berkley et Jennifer Beals, crédibles). La conclusion, un peu forcée, suscite l’espoir. Piliers d’une distribution impeccable, Campbell Scott insuffle à son personnage antipathique une dimension humaine qui le rend touchant et Jesse Eisenberg joue avec un bel aplomb. Et Dylan Kidd s’avère un réalisateur plein de promesses.

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