The Grey Zone : Le pacte des loups
Cinéma

The Grey Zone : Le pacte des loups

Basé sur les mémoires du docteur Miklos Nyiszli (Auschwitz: A Doctor’s Eyewitness Account), un juif hongrois devenu l’assistant du docteur Josef Mengele, The Grey Zone est à l’origine une pièce de théâtre. Tim Blake Nelson, acteur et réalisateur (Eye of God, O) en a fait le premier film traitant de cet épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale. Agissant également à titre de scénariste et de monteur, le réalisateur s’est aussi inspiré de cinq journaux intimes rédigés par des membres des Sonderkommandos retrouvés enterrés à Birkenau.

Le 7 octobre 1944, le camp d’Auschwitz II-Birkenau a été le théâtre d’une rébellion fomentée par le 12e Sonderkommando. Au nombre de 13, ces unités spéciales se composaient de juifs qui devaient mener les déportés vers les chambres à gaz et ensuite disposer de leurs cadavres. Parfois, ils reconnaissaient parmi les dépouilles des membres de leur famille, des amis ou des voisins. Méprisés par tous, ces hommes étaient forcés à collaborer avec les nazis en échange de nourriture, d’alcool et de cigarettes. Après quatre mois de service, les membres des Sonderkommandos étaient froidement fusillés. Des rares survivants, plusieurs n’ont jamais voulu avouer qu’ils avaient fait partie de ces commandos, de peur d’être frappés d’ostracisme. Certains ont même préféré se donner la mort. Parmi les témoignages de ceux qui ont osé révéler la vérité, se retrouve la même volonté de prouver qu’ils n’étaient pas des monstres à la solde des nazis. Seulement des hommes, déshumanisés à l’extrême par les horreurs quotidiennes des camps de la mort, qui accomplissaient des tâches immondes dans le seul espoir de survivre un jour de plus.

Basé sur les mémoires du docteur Miklos Nyiszli (Auschwitz: A Doctor’s Eyewitness Account), un juif hongrois devenu l’assistant du docteur Josef Mengele, The Grey Zone est à l’origine une pièce de théâtre. Tim Blake Nelson, acteur et réalisateur (Eye of God, O) en a fait le premier film traitant de cet épisode peu connu de la Seconde Guerre mondiale. Agissant également à titre de scénariste et de monteur, le réalisateur s’est aussi inspiré de cinq journaux intimes rédigés par des membres des Sonderkommandos retrouvés enterrés à Birkenau. De cette façon, il a créé les principaux organisateurs de la mutinerie, dont le Hongrois Hoffman (surprenant David Arquette) et le Polonais Abramowics (Steve Buscemi, égal à lui-même), et les femmes chargées de leur fournir des munitions (Mira Sorvino et Natasha Lyonne, fort convaincantes). Par souci de vraisemblance, Nelson met aussi en scène des personnages ayant réellement existé, tels Nyiszli (l’excellent Allan Corduner), l’officier Muhsfeldt (Harvey Keitel, détestable à souhait) et celle qui deviendra l’inspiration des Sonderkommandos, la jeune fille ayant miraculeusement survécu à la chambre à gaz.

The Grey Zone dégage une lourde tension, parfois insoutenable, tant les dialogues sont acérés, tant l’action est resserrée. Hormis quelques morceaux de Strauss et de Brahms, la seule "musique" entendue est celle des hurlements étouffés provenant des chambres à gaz. Or, malgré les nombreux cadavres et exécutions, sujet oblige, Nelson ne se complaît pas dans l’horreur, préférant la suggérer plutôt que de la souligner. Tourné en grande partie avec une caméra à l’épaule, le film nous plonge au coeur du cauchemar. La photographie de Russell Lee Fine (Eye of God) est très sombre; parfois, les visages se distinguent à peine dans la pénombre. Les images froides en teintes de bleu et de gris traduisent l’atmosphère macabre des lieux. Dans les scènes d’extérieur de jour, d’épais nuages de cendres grises flottent constamment dans l’air. Sans doute l’un des films les plus durs portant sur l’Holocauste. Très éprouvant.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités