The Baroness and the Pig / Daniel Langlois : La lanterne magique
Cinéma

The Baroness and the Pig / Daniel Langlois : La lanterne magique

"C’était il y a trois ans, juste avant la construction d’Ex-Centris. J’ai choisi le scénario de The Baroness and the Pig parce que je voulais trouver l’antithèse de ce qu’on associe généralement à la haute technologie, à la haute définition; et parce que c’était un film d’époque, et que tout se voit dans un film d’époque. Mais ce n’était pas pour faire un test, c’est un vrai film!" Ainsi parle LE mécène de la province, Daniel Langlois, grand manitou de la technologie et du cinéma indépendant, et producteur de ce film (Media  Principia).

"C’était il y a trois ans, juste avant la construction d’Ex-Centris. J’ai choisi le scénario de The Baroness and the Pig parce que je voulais trouver l’antithèse de ce qu’on associe généralement à la haute technologie, à la haute définition; et parce que c’était un film d’époque, et que tout se voit dans un film d’époque. Mais ce n’était pas pour faire un test, c’est un vrai film!" Ainsi parle LE mécène de la province, Daniel Langlois, grand manitou de la technologie et du cinéma indépendant, et producteur de ce film (Media Principia). De ces deux ambitions est né The Baroness and the Pig, le premier film en Amérique du Nord produit et distribué en numérique. Comme un gros fichier, il a voyagé de Montréal à Toronto pour sa première officielle, lors du Festival.

L’idée et la réalisation sont signées Michael MacKenzie, scénariste du Polygraphe. Le prétexte se situe à Paris, en 1887. La baronne (Patricia Clarkson) veut éduquer une fille élevée parmi les cochons (Caroline Dhavernas) et lancer un salon avant-gardiste. Son mari (Colm Feore) ne l’entend pas de cette oreille, et il est soutenu dans son entreprise de déconstruction par une mondaine (Louise Marleau). Et quand le baron s’intéresse de trop près au "cochon", les choses se gâtent.

L’intérêt de ce film ne réside que dans son idée. Du propos, des acteurs (pourtant d’excellentes pointures maison), du message, il y a peu à dire à part l’ennui. On n’a vraiment que faire de cette énième version de l’enfant sauvage. Mais le reste vaut le détour. Le reste, c’est l’entreprise de défrichage que représente The Baroness and the Pig: la preuve est désormais faite, on peut réaliser et diffuser un film d’époque (qui engouffre généralement des sommes considérables) sans dépasser les 5 millions $ US. "La démarche est donc valable pour tous les films indépendants", précise Langlois. Réduction du temps de tournage, possibilité de générer couleurs, mouvements, décors en postproduction, de travailler les lumières tranquillement par la suite et ne pas avoir à payer 2000 $ pour chaque copie 35 mm: il faut adapter toutes les salles, mais l’évolution est là. Et comme le dit très justement le producteur de Média Principia sur la viabilité du numérique: "La question ne se pose plus. The Baroness… règle tout ça. Avant, on approchait les gens pour tourner en numérique. Maintenant, ils nous appellent."

Utilisé finement, le numérique n’est plus la chasse gardée du film d’action ou de science-fiction. L’Anglaise et le Duc, d’Éric Rohmer, ou Vidocq, de Pitof, ont démontré avec brio que le raffinement des détails, la perfection et la virtuosité des mouvements étaient des possibilités envisageables au cinéma. Le numérique, forme influente sur le langage cinématographique: cela aussi sera inévitable, comme l’a été le passage à la couleur ou au parlant, selon Daniel Langlois. Le film de MacKenzie baigne dans cette espèce de froideur du numérique, très parfaite, justement. À défaut du reste, notons cependant le travail très élégant de la lumière, qui oscille entre Vermeer et de La Tour.

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