Die Another Day : J'aime Bond
Cinéma

Die Another Day : J’aime Bond

Ce n’est plus du jeu. Bientôt, on ne pourra plus faire de différence entre un James Bond et un Batman. On ne peut plus croire tranquillement à l’incroyable depuis que le virtuel nous balance du surnaturel. Oh! ce n’est pas le laser de l’espace, une course d’hovercrafts sur un champ de mines, du surf sur un tsunami, un avion dépressurisé et en décomposition qui vole et une bague qui fait exploser du verre qui dérangent; on en redemande. Non, c’est cette splendide voiture qui devient  invisible.

Ce n’est plus du jeu. Bientôt, on ne pourra plus faire de différence entre un James Bond et un Batman. On ne peut plus croire tranquillement à l’incroyable depuis que le virtuel nous balance du surnaturel. Oh! ce n’est pas le laser de l’espace, une course d’hovercrafts sur un champ de mines, du surf sur un tsunami, un avion dépressurisé et en décomposition qui vole et une bague qui fait exploser du verre qui dérangent; on en redemande. Non, c’est cette splendide voiture qui devient invisible. C’est bête, mais la désintégration de la matière, ça coince encore. Même pour Bond. Ça passera, sans doute.

À part ça, James est toujours là. Ce qui, pour un personnage de fiction vieux de 40 ans, espion post-guerre froide, machiste, brutal et indestructible, est une bizarrerie culturelle. Comment pouvons-nous accepter d’un James Bond ce qui déplaît tant ailleurs? Incompréhensible. Ce 20e film des aventures de 007 ne faillit pas à la recette: Bond est à la poursuite d’un mégalomane qui veut détruire le monde (issu d’un régime totalitaire, celui de la Corée du Nord fait l’affaire), il voyage dans deux ou trois pays, il utilise au moins deux ou trois gadgets signés Q (John Cleese est parfait), il boit du martini, craque pour les femmes et reste le mannequin idéal pour produits de luxe. Cocktail étonnamment immuable, candide et sirupeux dans notre société cynique…

Die Another Day vient tout de même de propulser James au 21e siècle. Lee Tamahori (de bons débuts avec Once Were Warriors à tâcheron de luxe pour Broccoli) s’efface comme les autres derrière le style 007, mais il met la gomme: On a droit à un très beau générique, mais à une mauvaise musique de Madonna, une bande sonore beaucoup trop bruyante pour des tympans humains, un montage pour sismologue, et des explosions infernales. L’idée n’est pas si originale depuis l’excellent Goldeneye, mais Die Another Day est un James Bond tonitruant. Côté humain, Pierce Brosnan ne sera jamais aussi viril et sexy que Sean Connery, mais les James Bond Girls évoluent doucement. Elles vont bientôt avoir le droit de vote. Halle Berry semble être la coéquipière idéale, au travail comme au lit. Scène de lit amputée en Amérique du Nord, rappelons-le, car jugée trop chaude. Dans un film qui commence par une séance de torture, il y a de l’imbécillité quelque part. Pour une fois que James prend son pied. Mais ce qui fait le bon Bond, c’est le méchant. Celui-ci (Toby Stephens) n’est pas mal dans le genre petite teigne. Il a le rictus, mais manque de sang-froid. Bref, compte tenu de l’évolution actuelle du monde jamesbondien, on peut prévoir que dans un prochain opus, 007 pourra voler (ou devenir invisible, ou se transformer en grenouille, etc.) et que le grand méchant mégalo sera une femme (préférablement blanche). Et dire qu’après 20 films, on ne connaît même pas le nom de son tailleur…

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