Les Dangereux : Danger pour la société
Cinéma

Les Dangereux : Danger pour la société

Dans Les Dangereux, on comprend vite le danger: entre bon et con, il n’y a qu’une lettre de différence. À l’écriture des Voisins (1987), Louis Saia avait montré du mordant pour croquer ses semblables; mais la torpeur des choses et des dollars venant à bout même des meilleurs, il a vite opté pour la flatterie. La masse veut se marrer? Amusons-la. Ça a donné les trois Boys, les plus gros succès maison depuis 40 ans. Une gloire pareille fait pousser des ailes, c’est sûr. Il rebondit avec Les Dangereux, long métrage québécois, cru 2002. C’est vague comme description, mais on aurait du mal à le définir plus  précisément.

Dans Les Dangereux, on comprend vite le danger: entre bon et con, il n’y a qu’une lettre de différence. À l’écriture des Voisins (1987), Louis Saia avait montré du mordant pour croquer ses semblables; mais la torpeur des choses et des dollars venant à bout même des meilleurs, il a vite opté pour la flatterie. La masse veut se marrer? Amusons-la. Ça a donné les trois Boys, les plus gros succès maison depuis 40 ans. Une gloire pareille fait pousser des ailes, c’est sûr. Il rebondit avec Les Dangereux, long métrage québécois, cru 2002. C’est vague comme description, mais on aurait du mal à le définir plus précisément. On peut quand même essayer en parlant de véhicule. Les Dangereux, c’est un "véhicule". D’abord, parce qu’on ne voit que ça, des chars. Stéphane Rousseau dans un 4 x 4, Véronique Cloutier dans un camion de lait, deux abrutis (Pierre Lebeau et Didier Lucien) dans un bidule rouge américain: accidents et poursuites font les trois quarts du film. Et toujours sur une musique ad hoc et selon une durée limitée, on remarquera. C’est le syndrome rallye, genre Taxi ou It’s a Mad, Mad, Mad, Mad World. Véhicule évidemment publicitaire: il faut que mademoiselle Cloutier, star pop, chante deux tounes (en entier, double supplice signé Stéphane Dufour) avec une affiche de bière en fond de scène; et qu’un type mâche un sous-marin. Enfin, c’est un véhicule pour les stars populaires des deux mamelles québécoises, la tivi et l’humour. Avec ça, la cote d’amour de Cloutier et Rousseau va exploser en Bourse. Bref, un véhicule pour mettre de l’argent dans les caisses.

Le comique selon Saia, c’est d’imaginer un personnage avec un trait et trois phrases, et de frapper le clou jusqu’à ce que ce soit repris par la foule en délire des cours de récré ou qu’on hurle de douleur: le Black aime Tiger Woods, Lebeau aime les animaux, le frérot veut se suicider, et le chef de triade ne parle qu’en paroles de sage. Ad nauseam. Mais les gros mots, les drôles de faces et les gags ne sont que mécaniques du rire. Section machines/outils. L’humour, on n’en parle même pas. Et c’est tellement peu drôle que le fond des choses généralement pathétique des comédies prend ici le dessus. Faut le faire. Tueries, pauvreté, alcoolisme, drogue, on vend sa fille, on vole dans la caisse, on veut éliminer un comptable (ça encore…), on tape sur les Blacks, les Latinos, les Asiatiques, les pauvres, les femmes, les junkies et les gais. N’y voyez pas là une autre étape dans la libéralisation des moeurs, mais un cran de plus dans la connerie humaine. Et puis on joue les simili-Tarantino avec une violence giclante évidemment inutile et les comiques à la mode avec des arrêts sur images pour présenter les personnages.

Deux points positifs à cette entreprise: L’excellent Pierre Lebeau est sur tous les fronts, ce qui tombe bien pour son compte en banque, vu que c’est Noël. Et à côté de ce film, Séraphin, l’autre bidet à moteur du mois, c’est Le Docteur Jivago. Et ce sera peut-être la seule fois où l’on comparera Binamé à David Lean.

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