About Schmidt : Ainsi va la vie
Cinéma

About Schmidt : Ainsi va la vie

À 66 ans, le nouveau rentier Warren Schmidt (Jack Nicholson) constate amèrement que sa vie n’a rien de bien reluisant. À bord de sa caravane, il quitte donc son Nebraska natal pour se rendre au Colorado, afin d’empêcher le mariage de sa fille unique (Hope Davis) avec ce qu’il considère comme un indécrottable loser (Dermot Mulroney, méconnaissable sous sa maxi coupe Longueuil).

À 66 ans, le nouveau rentier Warren Schmidt (Jack Nicholson) constate amèrement que sa vie n’a rien de bien reluisant. À bord de sa caravane, il quitte donc son Nebraska natal pour se rendre au Colorado, afin d’empêcher le mariage de sa fille unique (Hope Davis) avec ce qu’il considère comme un indécrottable loser (Dermot Mulroney, méconnaissable sous sa maxi coupe Longueuil).

Après avoir écorché avec mordant les militants pro-vie et pro-choix ainsi que le processus démocratique, Alexander Payne et son fidèle coscénariste Jim Taylor s’attaquent maintenant au sort des gens ordinaires du Midwest. Quoi de plus facile que de se moquer des travers du petit peuple! Pourtant, on retrouve dans About Schmidt un point de vue moins incisif que dans Citizen Ruth et Election. À l’instar du regard de Schmidt sur la belle-famille de sa fille, celui du réalisateur passe du mépris le plus total à la résignation, en passant par ce qui ressemble à de la tendresse. Il ne faut surtout pas croire que Payne s’amollisse avec l’âge. Les lettres qu’écrit Schmidt à son correspondant, un garçonnet tanzanien qu’il parraine en secret, décrivent cruellement la petitesse des personnages. Mais plutôt que de jouer à fond la carte du sarcasme, tel Burr Steers dans Igby Goes Down, Payne alterne avec brio des scènes caustiques et des scènes émouvantes, tout en évitant l’écueil de la bête caricature et du gros mélo. Il y a bien sûr des scènes d’humour facile où les gens sont dépeints comme de vrais tarés; mais à d’autres moments, on sent que derrière leur médiocrité se profile l’humanité.

Adaptation d’un roman de Louis Begley (auquel Payne a ajouté des éléments d’un scénario écrit durant ses études), About Schmidt doit beaucoup à l’étonnante interprétation de Jack Nicholson qui se révèle des plus éloquents dans ses longs silences. Retrouvant ses tics habituels lors d’une scène avec la très chaude belle-mère de sa fille (Kathy Bates, complètement survoltée), Nicholson s’investit avec abandon dans son personnage. Même son sourire carnassier s’humanise le temps de quelques secondes… Qu’il fixe impassiblement l’horloge à quelques minutes de la retraite, ou qu’il jette des coups d’oeil désabusés à la faune bizarroïde qui l’entoure, l’acteur livre avec une extraordinaire économie de moyens le drame intérieur de cet homme incapable d’exprimer aisément ses émotions. Du grand art.

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