Catch Me If You Can : Casino Royal
L’époque était candide. Les p’tits vite avaient le champ libre. Et le divorce avait déjà des effets dévastateurs. La vie de Frank William Abagnale Jr. est un roman. Il en a d’ailleurs fait un best-seller, Catch Me If You Can, dont Steven Spielberg, producteur et réalisateur, vient de tirer un film. Ça se regarde comme on boit un long drink, en écoutant du Sinatra dans un lounge… Ambiance.
L’époque était candide. Les p’tits vites avaient le champ libre. Et le divorce avait déjà des effets dévastateurs. La vie de Frank William Abagnale Jr. est un roman. Il en a d’ailleurs fait un best-seller, Catch Me If You Can, dont Steven Spielberg, producteur et réalisateur, vient de tirer un film. Ça se regarde comme on boit un long drink, en écoutant du Sinatra dans un lounge… Ambiance.
Le père (Christopher Walken) est un loser magnifique, qui s’accroche à la mythomanie; la mère (Nathalie Baye) est une Française qui a suivi son GI au pays des merveilles. Le fils de 16 ans est heureux. Nous sommes au début des années 60. Mais le couple divorce à la sauvage, et Frank Junior (Leonardo DiCaprio) se sent complètement perdu. Il fuit. Avec un carnet de chèques offert par son père, il va entamer sa carrière de fraudeur: de 16 ans à 21 ans, il se fera passer pour un prof de français, un pilote de la Pan Am, un médecin et un avocat. Il accumulera 2,5 millions $ en chèques falsifiés, à travers les États-Unis et dans 26 pays. Il sera emprisonné à Marseille. Et c’est là où l’histoire commence, quand celui qui le traque depuis des années, Carl Hanratty (Tom Hanks), agent du FBI, vient le récupérer…
À l’autre bout de Minority Report, et à la dernière minute car personne ne se décidait à le réaliser, Spielberg a concocté un film tonique, craquant comme de l’acétate et brillant comme de la gomina. Après un excellent générique, à la North By Northwest, on se prend à suivre la cavale à un rythme pas si infernal que cela, qui serait celui d’un Hitchcock, et dans un monde tout à fait adéquat. Spielberg n’a pas seulement reconstitué à la perfection les années 60 américaines (travail impeccable de la lumière de Janusz Kaminski et de la musique signée John Williams), il a poussé le bouchon plus loin en le colorant de la nostalgie qu’on en a, avec la mythologie qui va avec: la naïveté de cette période pré-68, pré-informatique, pré-pilules, et pré-cynisme, pleine de faux-semblants, où l’on pouvait encore passer à travers les mailles du filet si on avait le moindre aplomb. Il a fait un film comme on en faisait à l’époque de La Panthère rose: un film rocambolesque de gars, avec des blagues lourdes, des filles nunuches et des flics balourds toujours en retard d’un train, où trois éléments imposaient le respect: le prestige de l’uniforme, la blonde souriante et le coupé sport. Et ça marche à fond. Quand DiCaprio entre à l’aéroport de Miami entouré d’une flopée d’hôtesses blondes, c’est James Bond. À qui l’on rend d’ailleurs hommage dans Goldfinger.
DiCaprio séduit, plus à l’aise que dans Gangs of New York; vif comme un Cary Grant, gauche comme un Peter O’Toole dans What’s New, Pussy Cat?, aussi crédible en très juvénile que vieilli en fin de parcours. Il fallait son sourire d’ange, car dans la catégorie des hors-la-loi, les fraudeurs sont les chéris. À la façon de The Sting, le mélange de culot, de charme et d’intelligence était nécessaire au personnage. Si cela était encore possible, Walken, en père biologique, est surprenant. Émouvant même. Et Tom Hanks, en père de substitution, est à la fois droit, rustre et impressionné par le panache du jeune homme. Bref, tous ont travaillé à cheval sur la réalité et le style Rocky et Bullwinkle, avec une vitalité rythmée que les adaptateurs à l’écran de Spider-Man et autres comics feraient bien de suivre. Aussi délicieux qu’un martini bien dosé…
Voir calendrier
Cinéma exclusivités