Evelyn : Notre père
Cinéma

Evelyn : Notre père

La bande-annonce d’Evelyn laissait présager un film mielleux, sirupeux, aux limites des bons sentiments supportables. En fait, dans les mains expertes de Bruce Beresford, habile confectionneur de Breaker Morant, Black Robe, et le sous-évalué Paradise Road, on évite la plupart des écueils prescrits, et on ne peut qu’accuser le marketing du film de fausse représentation.

La bande-annonce d’Evelyn laissait présager un film mielleux, sirupeux, aux limites des bons sentiments supportables. En fait, dans les mains expertes de Bruce Beresford, habile confectionneur de Breaker Morant, Black Robe, et le sous-évalué Paradise Road, on évite la plupart des écueils prescrits, et on ne peut qu’accuser le marketing du film de fausse représentation.

Dans les années 50, Desmond Doyle (Pierce Brosnan, également producteur), un Irlandais sans boulot, doit s’occuper de ses trois enfants depuis que sa femme s’est enfuie à l’étranger. Desmond n’a pas le temps d’écluser quelques pintes de bière au pub du coin, que l’État place ses chérubins sous l’oeil "bienveillant" des religieux. Coriace et têtu, il retournera ciel et terre pour retrouver la garde de sa progéniture. Basé sur des faits réels, Evelyn se veut un plaidoyer contre les lois caduques qui minent la justice.

Brosnan est entouré de solides acteurs, qui ont un plaisir évident à jouer ensemble: Alan Bates, Aidan Quinn et Stephen Rea forment un trio d’avocats volant au secours d’un Pierce Brosnan transfiguré, assez bon quand on le compare au prototype simpliste de la série 007 (se souvenir de The Tailor of Panama). Ce papa, au départ irresponsable, gagne facilement notre sympathie par le biais de son comportement pataud mêlé de détermination, et l’interprétation de Brosnan montre que celui-ci ne se préoccupe guère de son image. Il prend même des risques: essayez de l’imaginer en chanteur à cinq cennes, gazouillant des airs, accroché aux piliers du pub. Surprenant, mais ça tient le coup.

Le film injecte de l’humour sans relâche – very irish – et cela permet aussi d’équilibrer la dramatique et de réduire le sérieux du sujet. Bienvenue donc la diète de pathos, surtout quand le troisième acte du film, à la cour, est construit tel un drôlissime match de foot: les avocats en camps adverses, les juges en arbitres, l’assistance en public captivé et Peter O’Toole en commentateur radio (mince rôle cité au générique parmi les techniciens du son…). On aurait pu, cependant, se passer des "rayons d’anges", ces lumières symbolisant les esprits protecteurs qu’une des enfants, la petite Evelyn (Sophie Vavasseur), convoque durant les moments d’inquiétude. Aux oubliettes aussi cette relation amoureuse avec Julianna Margulies, qui se veut toute naturelle mais qui s’avère plutôt superflue et peu convaincante. Mais on aime toujours quand David se bat contre Goliath.

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