Phylactère Cola : Chroniques de l'étrange
Cinéma

Phylactère Cola : Chroniques de l’étrange

Le 21 janvier prochain, les sketchs joyeusement déjantés de Phylactère Cola reprendront l’antenne à Télé-Québec pour une seconde saison. Bilan de l’an un et projections trimestrielles.

Ils en ont parcouru du chemin, les neuf compères de Phylactère Cola, depuis leurs débuts en 1995 à la télé communautaire jusqu’à cette seconde saison à Télé-Québec, en passant par l’édition de quatre vidéocassettes et la vente de leur émission en Finlande et en Espagne. Fidèles à l’esprit qui les animait au départ, ils proposent cependant un produit toujours plus fini et engagé. "À la base, Phylactère se voulait un exercice de style, de la bande dessinée en vidéo, raconte Psychopat, le réalisateur. C’est encore ça d’ailleurs, l’exagération des personnages, des situations, les couleurs, les costumes… Ça ne se veut pas nécessairement un show contestataire, sauf que je pense que c’est en train de le devenir petit à petit, étant donné que, plus on vieillit, plus on devient informés des enjeux sociaux et, forcément, ça transparaît dans ce qu’on fait."

Plus critiques, donc, mais non moins délirants, avec leur style irrévérencieux, leur esthétique kitsch, leur humour moqueur et un traitement de plus en plus incisif. Évolution qui ne serait pas étrangère, selon Psychopat, aux contraintes imposées par les diffuseurs, auxquels ils doivent soumettre leurs projets par écrit. "Ce qui a eu le terrible avantage de structurer nos idées", ajoute-t-il.

Métissage de genres d’une ingénieuse incongruité, humour absurde ou simple recherche esthétique, leur approche en a toutefois déconcerté plus d’un au sein du grand public. "Quand on a une idée, c’est rarement dans le but de faire rire les gens; ce qu’on aime, c’est les faire sourire et leur donner l’impression qu’ils voient quelque chose de différent. Beaucoup ne savaient pas sur quel pied danser. Et ça risque d’être encore le cas cette année, parce que certains sketchs ne sont pas drôles du tout."

Mais c’est sans compter ces savoureux pastiches de films, de publicités et de séries qui ont fait leur réputation et reviendront en force. Qu’on pense à La Déclaration, parodie de polar en noir et blanc sur le thème du chômage, où se côtoient des références à Full Metal Jacket et au Diamant du Nil! Ou au retour de La tranchée s’amuse, manière de M.A.S.H. et autres Band of Brothers, toujours bien trash et loufoque.

Avec un produit aussi iconoclaste et des antécédents de groupe-culte, Phylactère ne pouvait logiquement passer à Télé-Québec sans susciter des réactions. "Les fans de la première heure étaient déçus parce qu’on devenait trop professionnels à leur goût. D’autres n’ont absolument rien compris. Mais beaucoup de gens ont aimé la différence. Et beaucoup ont senti notre côté revendicateur, cite Psychopat. Mais je pense que le téléspectateur moyen est assez conservateur, ce qui, sans être une mauvaise chose pour les diffuseurs, en est une pour les créateurs et les idées, parce que quiconque veut pousser un projet a intérêt à se plier au moule."

Dans leur cas, la question ne s’est par contre pas posée; on leur avait donné carte blanche et ils en ont profité. Ce qui ne les a pas empêchés de constater que quelques ajustements s’avéraient nécessaires en vue de la seconde saison. "On ne va pas essayer de faire ce que les gens aiment, mais on va au moins s’arranger pour qu’ils comprennent, précise Psychopat. On s’est donc enlevé un peu de latitude, mais sans se censurer. Au contraire, souvent, ça nous motive de savoir que des choses vont déranger, ça nous plaît."

Dès le 21 janvier, 21 h
À Télé-Québec