Le Frère du guerrier : Grandeur nature
Cinéma

Le Frère du guerrier : Grandeur nature

Camper un film au Moyen Âge, en plein 18e siècle, dans le Sud de la France, il faut que ça captive solide, sinon gare aux bâillements. Le Frère du guerrier, de Pierre Jolivet (Ma petite entreprise, Force majeure), ressemble à l’arbalète de son héros, Thomas le mercenaire (Vincent Lindon): cela demande énormément d’efforts pour bander la corde et il suffit d’une délicate pression pour que le carreau fende l’atmosphère. Douce envolée meurtrière.

Camper un film au Moyen Âge, en plein 18e siècle, dans le Sud de la France, il faut que ça captive solide, sinon gare aux bâillements. Le Frère du guerrier, de Pierre Jolivet (Ma petite entreprise, Force majeure), ressemble à l’arbalète de son héros, Thomas le mercenaire (Vincent Lindon): cela demande énormément d’efforts pour bander la corde et il suffit d’une délicate pression pour que le carreau fende l’atmosphère. Douce envolée meurtrière.

Car Jolivet escamote le tralala historique habituel. Dehors, la pompeuse présentation d’époque. Illico, nous sommes avec Thomas, projetés dans une sombre escarmouche de pure violence médiévale. Le coup parti par accident, la corde du récit se retend lentement durant les 115 prochaines minutes où la nature européenne, version grands espaces panoramiques, vibre de beauté. Arnaud (Guillaume Canet), le jeune frère de Thomas, fait pousser des plantes médicinales. Son savoir précieux, transmis par sa mère, lui permet de vivre avec sa femme Guillemette (Mélanie Doutey) dans leur ferme isolée. Désespérée depuis que son mari est devenu amnésique (tabassé par des brigands), cette dernière paie pour retrouver Thomas, priant qu’il possède aussi le secret des concoctions végétales.

On est face à un drame intime, fort bien rendu par des personnages fascinants, spécialement celui de Canet, plus que présent malgré son absence mentale. On a le nez fourré dans leurs activités quotidiennes, dans le menu détail, sans que cela soit un documentaire. On pourrait même penser à La Source de Bergman, ou à La Passion Béatrice de Tavernier, à ce détail près qu’ici, le film flatte le western… Quand des étrangers à cheval, au milieu de la vaste plaine, s’approchent de la ferme sans que l’on connaisse leurs intentions, il y a ce sempiternel côté Far West. Même parallèle devant les cavaliers engloutis dans la nature verdoyante, arbalète à la main, en course poursuite. Il y a un plaisir à voir un auteur nous livrer un scénario qui mêle bien les ingrédients, presque uniformément, qui donne plus que ce qui est montré tout en laissant réfléchir le spectateur. Certains questionneront la finale, trop coup-de-poing, mais là encore, comme dans tout bon western, il faut une confrontation finale pour que l’arc dramatique se détende.

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