Les Justes : La cour en direct

Grâce à la télévision, on peut se délecter des malheurs d’autrui; surtout que ces autres se débattent avec la loi par le biais d’émissions comme Judge Judy. Au Québec, on a eu droit à Justice pour tous, où l’on démystifiait les rouages de la justice et où l’on faisait un show. Car quiconque a déjà assisté à un procès peut témoigner des allures théâtrales de l’exercice, selon l’éloquence des avocats ou l’humeur du juge. Concurrents à La Course Europe-Asie en 1990, Karina Goma et Stéphane Thibault se sont penchés durant quelques mois sur le cas de trois rentiers qui consacrent leur vie à hanter les corridors des palais de justice, et en ont fait un documentaire, Les Justes. Qu’est-ce qui peut bien les y pousser? Soif de justice ou goût du sensationnalisme?

Code criminel en main, le premier avoue que suivre les procès criminels lui a appris à comprendre les gens; la deuxième se passionne pour les agressions sexuelles comme s’il s’agissait de téléromans; et sur les traces de Claude Poirier, le troisième participant est devenu l’informateur des journalistes. Présenté avec Des hommes de passage, de Bruno Boulianne, Les Justes mise sur un montage parallèle fluide et vivant qui lui donne un rythme dynamique, en accord avec la fébrilité de ces amateurs d’affaires judiciaires. Privilégiant une approche discrète et complice, les cinéastes captent les propos que livre spontanément chaque intervenant. Leurs répliques franches font rire (parfois jaune) quand elles ne portent pas à la réflexion. Somme toute, un documentaire simple et direct qui questionne efficacement nos opinions sur la justice et sa place dans les médias.

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