Max : J’aurais voulu être un artiste…
Il est ardu d’aborder Adolf Hitler par le biais de la fiction comme du documentaire et de tenter d’extraire du nouveau sur l’homme. Menno Meyjes (scénariste du film The Color Purple) s’y est risqué, en écrivant et en réalisant Max, un essai peu concluant à ajouter à l’immense pile chancelante consacrée au Führer.
Il est ardu d’aborder Adolf Hitler par le biais de la fiction comme du documentaire et de tenter d’extraire du nouveau sur l’homme. Menno Meyjes (scénariste du film The Color Purple) s’y est risqué, en écrivant et en réalisant Max, un essai peu concluant à ajouter à l’immense pile chancelante consacrée au Führer.
Bien sûr, l’idée de départ est attirante. L’affiche proclame "Art + Politique = Pouvoir". Dans cette fiction teintée de vérité, Hitler (Noah Taylor, de Shine) revient décoré de la guerre 14-18. Il est seul, sans le sou, trimballant son portfolio jusqu’à la galerie de Max Rothman (John Cusack), un juif bon bourgeois, qui a également porté les armes et perdu un bras dans l’histoire. Rothman influence Hitler et propose à l’artiste de faire jaillir du tréfonds de son âme sa version de la guerre et de jeter le tout en vrac sur le canevas.
Sans équivoque, certaines portes doivent rester fermées: Max, c’est de la peinture à numéros. Vu que l’on sait déjà compter, on voit d’emblée le sujet final, et on devine le coloris que cela va prendre. Évidemment, Max est fasciné par Hitler et vice-versa; évidemment, l’homme nanti en met plein la vue au pauvre prolétaire, alimentant sa volonté de puissance. Nécessiteux, Hitler s’associe à un groupe militaire extrémiste, le payant en échange de furieux discours antisémites. Le film est uniquement bâti sur la relation entre les deux hommes. Du côté féminin, Leelee Sobieski et Molly Parker, respectivement maîtresse et femme de Max, ne sont d’aucune utilité tant elles sont grossièrement plaquées au propos. Aussi, l’intérêt général s’étiole dès le premier tiers. Et ce n’est pas que Cusack (comédien constamment juste et habile) et Taylor soient mauvais. Au contraire, ils rehaussent les scènes molles et paresseuses.
Bref, pas de satisfaction devant cette version d’Hitler négligemment esquissée. On est face à de la caricature grossière durant ses vociférations haineuses. On imagine que Meyjes voulait souligner à gros traits le désir d’expression chez cet homme, et comment il a bifurqué, choisissant la voie politique plutôt qu’artistique. Néanmoins, en voulant humaniser la jeunesse du futur dictateur dans ses rapports à l’art et à l’autre, il ne fait que poser des hypothèses historiques. Une sorte de: "Que se serait-il passé si…?" Cela donne un brouillon d’oeuvre.
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