Family : Père en ligne
Cinéma

Family : Père en ligne

Dans le flot d’images mises en scène, celles des fictions et des documentaires, on s’arrête toujours devant ce qui sonne juste. On retient le vrai, quel que soit le délire. Pour se rendre compte du processus, le film Family, de Sami Saif et Phie Ambo, est tout à fait étonnant. Aimé aux dernières Rencontres du documentaire, c’est une joie de savoir qu’il sort en salles.

Dans le flot d’images mises en scène, celles des fictions et des documentaires, on s’arrête toujours devant ce qui sonne juste. On retient le vrai, quel que soit le délire. Pour se rendre compte du processus, le film Family, de Sami Saif et Phie Ambo, est tout à fait étonnant. Aimé aux dernières Rencontres du documentaire, c’est une joie de savoir qu’il sort en salles.

On entre dedans avec un peu d’ennui, une attention qui tarde à être captée. On commence par le couple, dans leur appartement au Danemark. Elle, Phie Ambo, filme son homme, Sami Saif. Le type est réalisateur, il fait le clown devant sa copine. Du babillage qui nous fait comprendre qu’il tourne autour du pot, retardant un moment crucial, celui de prendre le téléphone et de commencer à rechercher son père. Père yéménite parti quand il avait huit ans, mère qui est morte alcoolo et frère fragile qui vient de se suicider: l’envie de trouver des racines est aussi forte que la peine et l’exaltation du moment. La copine parle peu, mais elle scrute sans défaillir. Les premiers coups de téléphone sont presque du ressort comique. Sami fait l’andouille, mais on est captivé par sa recherche, rocambolesque et montée en suspense, qui donne une image floue de ce père incroyablement absent. Envisager la réponse de ses interlocuteurs et voir la réaction sur le visage de Sami, de moins en moins fanfaron, devient alors passionnant. Après, il faut laisser la surprise. Une chose est claire: à mesure que les pions de la famille se mettent en place, l’émotion grandit. On finit les larmes aux yeux, et la gorge serrée. Comment un truc pareil peut-il arriver?

Family touche à l’universel avec efficacité. Il suffit d’une caméra DV prête à se faire oublier, d’un oeil attentif qui, lui, n’oublie pas de regarder, et d’un goût exhibitionniste de la part d’un protagoniste à la gueule expressive et à la famille particulièrement ramifiée. Le film est bancal, mais le style le veut ainsi. Sans lourdeur et avec humour, on sent que ce moment de cinéma a des conséquences sur la vie de cet homme, et de ce couple. Le genre de film léger comme l’air qui réussit à rappeler que l’important se réduit aux liens. Et puis ça finit bien. Family a gagné plusieurs prix, dont le prestigieux Joris Ivens Award au Festival du film documentaire d’Amsterdam.

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