The Bay of Love and Sorrows : Eaux troubles
Cinéma

The Bay of Love and Sorrows : Eaux troubles

Par ses thèmes du retour à la nature et de la différence des classes, le film de Southam rappelle Délivrance de John Boorman, et The Hanging Garden du Néo-Écossais Thom Fitzgerald. Un monde pastoral qui se révèle dur et cruel pour celui qui croit naïvement pouvoir s’y intégrer. Dans l’univers très urbain du cinéma canadien et québécois, Tim Southam s’avère une voix singulière à surveiller.

Tim Southam, un Anglo-Québécois s’exprimant dans un français impeccable, paraissait encore nerveux au lendemain de la première de The Bay of Love and Sorrows au FFM. Une expérience angoissante? "L’angoisse ne venait pas du fait que c’était mon premier long métrage de fiction. C’était tout simplement le processus auquel je m’étais livré, soit de développer une voix cinématographique qui donnait plus dans le naturalisme, où je me vouais absolument à la mise en images d’un groupe de personnages dans une histoire relativement linéaire. Cet exercice a commencé avec L’Histoire de l’oie (d’après la pièce de Michel-Marc Bouchard), qui restait quand même très allégorique. J’ai quitté presque complètement la zone allégorique avec The Bay of Love and Sorrows pour rejoindre la narration pure et la création de personnages organiques."

Quiconque a lu le roman de Paul Adams Richards constatera que le romancier et le réalisateur n’ont pas hésité à en faire une adaptation tout à fait réussie quoique très épurée: "Le défi était de reproduire le fatalisme du roman, explique Southam, cette succession de coïncidences avec la même plausibilité que le roman. Il fallait donc que j’élabore cinq univers afin de communiquer aux spectateurs que c’est la subjectivité même des personnages qui dicte les événements." Campé en 1973 au Nouveau-Brunswick, The Bay of Love and Sorrows met en scène un jeune bourgeois (Jonathan Scarfe) qui parvient à mener ses camarades moins nantis vers un idéal de vie communautaire. Mais lorsque l’un d’eux, ex-prisonnier (Peter Outerbridge), décide de tourner la situation à son avantage, des événements tragiques se succèdent.

Par son rythme lent, ses dialogues peu abondants et sa photographie sombre, The Bay of Love and Sorrows traduit parfaitement l’atmosphère oppressante du roman; chaque personnage semble prisonnier d’un mauvais rêve que seul l’instigateur du projet pourra fuir. Les notes cristallines de Gaëtan Gravel et Serge Laforest confèrent un climat d’étrangeté et d’amère nostalgie. Par ses thèmes du retour à la nature et de la différence des classes, le film de Southam rappelle Délivrance de John Boorman, et The Hanging Garden du Néo-Écossais Thom Fitzgerald. Un monde pastoral qui se révèle dur et cruel pour celui qui croit naïvement pouvoir s’y intégrer. Dans l’univers très urbain du cinéma canadien et québécois, Tim Southam s’avère une voix singulière à surveiller.

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