Women Without Wings : Souvenirs de voyage
Cinéma

Women Without Wings : Souvenirs de voyage

Women Without Wings , du Canadien Nicholas Kinsey, fonctionne comme un schisme flagrant, une scission nette entre deux continents, deux cultures et deux femmes. De prime abord, on patauge dans un de ces drames urbains plutôt génériques et sans saveur, mais il y a nuance. On y rencontre Marije (Katya Gardner), une serveuse flottant entre ses amants: Murray l’avocat rondouillet (Lowell Gasoi) et Jim le drogué, dont les tribulations respectives nous effleurent à peine.

Women Without Wings

, du Canadien Nicholas Kinsey, fonctionne comme un schisme flagrant, une scission nette entre deux continents, deux cultures et deux femmes. De prime abord, on patauge dans un de ces drames urbains plutôt génériques et sans saveur, mais il y a nuance. On y rencontre Marije (Katya Gardner), une serveuse flottant entre ses amants: Murray l’avocat rondouillet (Lowell Gasoi) et Jim le drogué, dont les tribulations respectives nous effleurent à peine. Et puis il y a la mère de Marije, Lula (Linda Bush), hospitalisée et trop faible pour aller aux funérailles de son père en Albanie, et qui dépêche sa fille offrir les condoléances. Là, le film prend un élan fort intéressant, mêlé d’exotisme, troquant la ville contre des chaînes des montagnes, et les amants contre Zef, sa tante (Micheline Lanctôt), une vierge aux vêtements masculins, mitraillette kalachnikov en bandoulière.

Voir Micheline Lanctôt incarner une femme burinée par la nature, décrivant son choix de jeunesse de ne pas se marier et de vivre comme un homme, et baragouinant l’anglais en se roulant une cigarette, avant de passer sans heurt à l’albanais dans le même souffle: cela oblige à la fascination. Son enveloppante prestation soutient le film. Sans elle, on tomberait dans un road-movie sans aspérités, où les panoramas grandioses prendraient l’allure de cartes postales bon marché, et où les événements perdraient le peu de poids dramatique qu’ils ont. On n’a qu’à prendre Murray, l’avocat, qui croit Marije prise dans les émeutes faisant rage à Tirana. Allant au fin fond des bleds albanais, il remonte la piste et découvre sa copine transfigurée: on nous garde à distance, le réalisateur n’arrive pas à nous inclure dans l’émotion du moment. Katya Gardner n’est pas étrangère à ce sentiment d’impénétrabilité. Et puis la tante Zef explique le fondement des chicanes entre les gens de son village et ceux des clans voisins, que rien n’atténuera de génération en génération, car cette vendetta est un fait inaltérable… On finit par hausser les épaules. Restent des miettes de joie que laissent deux fillettes tout sourires, les guides à travers un pays aux frontières hermétiques.

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