Daredevil : Un diable dans l'eau bénite
Cinéma

Daredevil : Un diable dans l’eau bénite

Il est rouge et il est débarqué le 14 février. Voici le cadeau de la Saint-Valentin d’Hollywood. Mais on le paye, ce cadeau. Hollywood aurait quand même pu se forcer…

Voici donc Daredevil, le petit dernier des super-héros, un type revanchard comme Batman, new-yorkais comme Spiderman, mais toujours dans l’ombre de ces deux-là. Un super-héros de classe B, mais un vrai héros pour l’Amérique de Bush. Son histoire n’est pas très différente de celle des autres. Murdoch, alias Daredevil, est né chez Marvel en 1964, il a eu son heure de gloire dans les années 80; il est devenu aveugle quand il était enfant, on a tué son père, et quand il ne réclame pas justice dans son métier d’avocat le jour, il fabrique sa propre justice de nuit, dans son costume de diablotin urbain. En BD, le justicier était sombre, mais il ne tuait pas.

On s’attend à une grosse machine pétaradante avec des effets spéciaux et des bagarres, mais il y a toujours l’espoir d’une surprise. Pas cette chance avec Daredevil. Que voilà un mauvais film! Le tâcheron employé à la réalisation, Mark Steven Johnson, a été le scénariste des Vieux Grincheux, de Encore les vieux grincheux et de Jack Frost. Des perles. Il s’est retrouvé avec un budget de 80 millions $ pour réaliser un début de franchise Daredevil, et dans cette aventure, il a choisi Ben Affleck pour héros. Sans artifices, Affleck a déjà la vivacité et le talent d’acteur d’un grand veau. Imaginez-le avec des petites cornes, les yeux dans le vague et la bouche ouverte. Zéro stimulus. Le charisme d’une gargouille. Il est secondé par des acteurs non dirigés: la bimbo de l’heure, Jennifer Garner; l’Irlandais mal léché d’un ridicule insoupçonné (Colin Farrell) et le Black à la voix de basse (Michael Clarke Duncan). L’aventure est décousue, basée sur des scènes en déséquilibre, articulée sur un scénario mal travaillé avec des plans qui ne sont pas de l’écriture cinématographique. Sans intelligence, ni humour. Le copain avocat Jon Favreau fait ce qu’il peut.

Mais le pire dans tout ça, ce ne sont pas ces détails, c’est le tableau d’ensemble à l’heure H. Voici un héros vengeur qui ne dit pas trois mots sans parler au nom de la justice, qui ne rend compte de ses actes qu’au padre du coin dans un confessionnal, qui se réfugie dans une église quand ça va mal, et qui tue parce qu’on a tué. Heureusement que l’ennemi ne parle pas arabe, nous serions à deux doigts de penser de travers. Rappelons tout de même que le type en question est aveugle, et qu’il suffit de faire du bruit pour encrasser ses sonars. On va donc crier plus fort afin que ce diable disparaisse au plus tôt.

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