Derrida : Le philosophe dans tous ses états

Ancienne étudiante de Jacques Derrida à Yale, Amy Ziering Kofman et son comparse Kirby Dick ont voulu immortaliser l’un des plus grands philosophes du 20e siècle en le filmant dans son intimité, et lors de conférences données aux États-Unis et en Afrique du Sud. Père du déconstructionnisme, courant de pensée remettant en question la métaphysique occidentale, Jacques Derrida se prête à l’exercice avec simplicité et humour. Fidèle à sa théorie, il s’amuse à déconstruire tout l’artifice du processus pour en montrer les limites. Rarement, il oubliera la présence de la caméra pour s’abandonner tout à fait à la confession. Et c’est là que ça devient intéressant. Lorsqu’on lui demande ce qu’il voudrait savoir à propos des grands philosophes, il répond spontanément: leur vie sexuelle! Selon lui, un philosophe ne fait pas que naître, penser et mourir; il vit également et c’est sa vie qui forme sa pensée. Pourtant, il refuse, d’un accord tacite avec sa femme, la psychanalyste Marguerite Derrida, de parler de sa vie intime. Parfois, il s’entête même à ne pas vouloir répondre sous prétexte qu’il n’a rien à dire sur un sujet donné, l’amour par exemple. Pourtant, ses tergiversations se font des plus révélatrices.

La qualité de l’image laisse à désirer, l’exercice se fait trop didactique quand la réalisatrice se plaît à lire en voix off des extraits des oeuvres de Derrida – lorsqu’on a la chance d’avoir sous la main un tel sujet, on le laisse s’exprimer! – mais en somme, Derrida s’avère une vivante leçon de philo.

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