Gods and Generals : Sonnez la retraite!
Cinéma

Gods and Generals : Sonnez la retraite!

Gods and Generals relate les débuts de la guerre de Sécession. Nous sommes en 1861, tout juste après l’élection de Lincoln, ce républicain anti-esclavagiste qui envoya ses troupes contre les sudistes. Ces derniers sont menés par les généraux Robert E. Lee (Robert Duvall) et "Stonewall" Jackson (Stephen Lang). Ce film est un prequel, premier chapitre d’une trilogie sur la guerre civile, dont le second volet est Gettysburg (qui date de 1993), et également sous la direction de Ronald E. Maxwell. Les films sont produits par le milliardaire Ted Turner.

Gods and Generals

relate les débuts de la guerre de Sécession. Nous sommes en 1861, tout juste après l’élection de Lincoln, ce républicain anti-esclavagiste qui envoya ses troupes contre les sudistes. Ces derniers sont menés par les généraux Robert E. Lee (Robert Duvall) et "Stonewall" Jackson (Stephen Lang). Ce film est un prequel, premier chapitre d’une trilogie sur la guerre civile, dont le second volet est Gettysburg (qui date de 1993), et également sous la direction de Ronald E. Maxwell. Les films sont produits par le milliardaire Ted Turner.

Mieux vaut mettre les cartes sur table. Gods and Generals est un canon qui implose par la force de sa propre déflagration; un flop monumental né du désir de faire une autre grande fresque américaine. Le plus dérangeant dans ce film interminable qui dure 3 heures 36 minutes est cette propension à émousser les angles trop rugueux de l’Histoire. On nous montre les Virginiens en rogne contre les nordistes uniquement pour des raisons d’indépendance. Ils défendent leur façon de vivre et ne remettent jamais en cause la légitimité d’avoir des esclaves noirs. De plus, les seules personnes nègres qu’on aperçoit, un cuisinier attitré à Jackson, Jim (Frankie Faison), et une nounou de riches, Martha (Donzaleigh Abernathy), sont si bien traitées que l’on croirait des employés avec avantages sociaux et plan de retraite. Jackson et Jim échangent des propos sur Dieu, tout bonnement, comme deux égaux, évacuant du même coup l’idée que des milliers de Noirs s’éreintent dans les plantations. Pourtant, Gods and Generals offre une vision sudiste de cette guerre, sans démonétiser ces gens. Mais l’occasion est ratée pour expliquer le fondement de la pensée des perdants de la guerre.

Dans sa construction, le film insère quelques grandes batailles rangées entre de longs discours pompeux, où chaque interprète y va de son moment en solo. On a droit à Jackson, personnage principal, les bras levés vers le firmament, priant Dieu de choisir l’heure de sa chute au combat. Et cela se poursuit pendant plus de cinq minutes accablantes. Puis Chamberlain le nordiste (Jeff Daniels, humain et attachant, déjà figure connue de Gettysburg), remontant le moral des troupes en citant la vieille Rome, et comment il faut mourir pour César. Et sa femme, Fanny (Mira Sorvino), pleurnicharde, qui essaie de le dissuader de s’enrôler… On s’emmerde ferme tellement Maxwell a détruit tout sens du rythme dans ces scènes de têtes parlantes. Par analogie, on se croit devant un mauvais film de monstre japonais, où seuls les moments d’action comptent, et où le reste devient une raison d’appuyer sur la touche d’avance rapide.

Nous sommes devant une maquette peuplée de soldats de plomb, embêté par un réalisateur qui prend un plaisir enfantin à répéter ses déplacements militaires. La complexité des enjeux politiques est voilée par le souci de rendre chaque bouton de veste d’une véracité exemplaire. Dommage que tout ce travail de recréation ne satisfasse aucunement notre curiosité. Tout ce qui reste, c’est la fierté des perdants et le maigre amusement de voir ces impossibles moustaches et barbes à l’écran.

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