Des dieux et des hommes /Juchitán des folles : Faire la différence
Cinéma

Des dieux et des hommes /Juchitán des folles : Faire la différence

L’Ex-Centris offre un programme double abordant l’homosexualité telle que vécue en Haïti et au Mexique. Deux documentaires surprenants qui traitent avec le même respect de deux réalités bien différentes. Projeté en première mondiale à Vues d’Afrique l’année passée, Des dieux et des hommes, de l’anthropologue Anne Lescot et de la réalisatrice Laurence Magloire, toutes deux d’origine haïtienne, trace le portrait de cinq jeunes homosexuels et travestis. Insultes, regards méfiants ou moqueurs sont le lot quotidien des homosexuels d’Haïti. Plus encore, il y a la tristesse de ne pas pouvoir avoir d’enfants et la crainte de mourir du sida – Blondine, "la marchande" de tabac, est décédé peu après le tournage.

L’Ex-Centris offre un programme double abordant l’homosexualité telle que vécue en Haïti et au Mexique. Deux documentaires surprenants qui traitent avec le même respect de deux réalités bien différentes. Projeté en première mondiale à Vues d’Afrique l’année passée, Des dieux et des hommes, de l’anthropologue Anne Lescot et de la réalisatrice Laurence Magloire, toutes deux d’origine haïtienne, trace le portrait de cinq jeunes homosexuels et travestis. Insultes, regards méfiants ou moqueurs sont le lot quotidien des homosexuels d’Haïti. Plus encore, il y a la tristesse de ne pas pouvoir avoir d’enfants et la crainte de mourir du sida – Blondine, "la marchande" de tabac, est décédé peu après le tournage. Heureusement, ils peuvent trouver protection et réconfort dans la pratique du vaudou (sans magie noire), car selon les croyances, c’est la déesse Erzuli Dantor qui est tenue responsable de l’orientation sexuelle. Tout le contraire de Trembling Before G-d, de Sandi Simcha Dubowski, où des juifs homosexuels conciliaient péniblement orientation sexuelle et pratique religieuse. Oubliant la présence des réalisatrices, les jeunes hommes font les folles, se pomponnent et se lancent des vacheries à la figure. En Haïti, il n’existe aucun club de rencontres ou association pour les homosexuels; Lescot et Magloire ont compris leur besoin urgent de s’exprimer. Face caméra, ils livrent des confessions franches empreintes de détermination, de courage, mais surtout de détresse profonde.

C’est aussi sous le signe de la religion que l’on parle d’homosexualité dans Juchitán des folles, de Patricio Henrìquez: selon la légende, le saint patron de Juchitán transportait un sac d’homosexuels sur son dos; Dieu lui ayant demandé d’un déposer un par village, le sac du pèlerin se fendit à Juchitán et tous les homosexuels y tombèrent. À Juchitán, 100 000 habitants, ville zapothèque du Mexique, on vénère les rondeurs féminines. Les femmes sont sur le même pied d’égalité que les hommes et l’homophobie ne fait (presque) pas de ravages. En fait, être le parent d’un homosexuel est plutôt une bénédiction. À l’image du peuple de Juchitán, le documentaire de Henrìquez s’avère festif, chaleureux et coloré. On se croirait en pleine fiction! Pourtant, pas plus que dans le documentaire précédent, les participants ne parlent d’acceptation mais de tolérance. La route est encore longue.

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