Au fil de l'eau : Calme plat
Cinéma

Au fil de l’eau : Calme plat

Lors d’une activité de pêche, un groupe hétéroclite d’individus, jeunes et vieux, cherchent un sens à leur existence. Au fil de l’eau, le premier long métrage de Jeannine Gagné, réalisatrice et productrice, auteure de Bébé Bonheur, Aube urbaine, L’Insoumis et Fais semblant que tu m’aimes, est tiré de la première pièce de théâtre d’Évelyne de la Chenelière, Au bout du fil. Le film a clôturé les Rendez-vous du cinéma québécois.

Lors d’une activité de pêche, un groupe hétéroclite d’individus, jeunes et vieux, cherchent un sens à leur existence. Au fil de l’eau, le premier long métrage de Jeannine Gagné, réalisatrice et productrice, auteure de Bébé Bonheur, Aube urbaine, L’Insoumis et Fais semblant que tu m’aimes, est tiré de la première pièce de théâtre d’Évelyne de la Chenelière, Au bout du fil. Le film a clôturé les Rendez-vous du cinéma québécois.

Dès les premières scènes, on largue les amarres. On est dans un monde non réaliste qui rappelle les belles heures de l’absurde. Un univers qui, dans son apparente folie, aide à comprendre les autres et donne quelques clés. C’est le monde du huis clos, du soliloque ininterrompu qui ressemble à la folie douce, des blessures enfantines non cicatrisées, et de l’approche candide des questions existentielles de vie, de mort, de solitude et de liberté. On sent là une oeuvre de jeunesse qui veut former un tout, qui ne veut rien oublier. Et même dans l’absurde poétique, la pièce part dans tous les sens, trop gonflée à bloc. Mais reste un évident talent d’écriture, celui d’effleurer avec légèreté et fantaisie la lourdeur des thèmes, ce qui évite de sombrer dans le pire des bourbiers: la suffisance.

Ils font semblant de pêcher, la journée est très belle, et la nature est splendide, ordonnée et accueillante. Et parce que Rémi (Claude Laroche) a piqué le sifflet du gardien, qu’ils ne sont plus obligés de rentrer au bercail, ils vont rester en forêt. Jusqu’au lendemain. Même sans elfes ni fées, des humains qui passent une nuit dans les bois et qui ne savent plus si la vie est un rêve, cela renvoie au Songe d’une nuit d’été. On passe dans un autre univers avec aisance, par une mise en scène délicate qui s’attarde sur l’organique, en plans de coupe, où ne manquent que les animaux familiers pour croire à l’Éden. Si, d’un coup, tous les choix sont possibles, que faire de sa liberté? Elle peut être fardeau, le précepte n’est pas nouveau, et la charmante Lara (Margot Campbell) veut toujours redevenir une petite fille. Mais Michel (Paul Ahmarani) en profite pour écrire un roman qui pourrait impressionner son père (meilleur moment du film); Bernard (Gabriel Gascon) pour se la couler douce; Fabienne (Frédérique Collin) part à la recherche de la sensualité et Simon (Guy Thauvette) va prendre le large d’un amour étouffant envers Solange (Michelle Rossignol): des acteurs de haut calibre au service d’une prose très écrite. Et l’ennui va aussi au fil de l’eau, non bousculé et inhérent à ce genre d’entreprise. Sans accrocher à tous les tourments, on ne retient ni grande vérité, ni petites découvertes. On sort du film peu ému, mais bercé.

Voir calendrier

Cinéma exclusivités