Les Larmes du soleil : Passe-moi l'Afrique
Cinéma

Les Larmes du soleil : Passe-moi l’Afrique

Dieu a abandonné l’Afrique. Cette phrase bête donne le ton des Larmes du soleil, dernier film d’Antoine Fuqua. Son Jour de formation avait des qualités. Celui-ci est une daube grave et moralisatrice. Que celui ou ceux qui ont eu l’idée de ce truc (on en parlait déjà comme d’une suite à la série des Die Hard) s’écrasent de honte…

Dieu a abandonné l’Afrique. Cette phrase bête donne le ton des Larmes du soleil (Tears of the Sun), dernier film d’Antoine Fuqua. Son Jour de formation avait des qualités. Celui-ci est une daube grave et moralisatrice. Que celui ou ceux qui ont eu l’idée de ce truc (on en parlait déjà comme d’une suite à la série des Die Hard) s’écrasent de honte… Un commando de soldats américains (beaux comme des G.I. Joe) doit sortir une docteure des mains rebelles nigérianes. Ils sont 8 ou 10 contre plusieurs centaines. Le lieutenant du commando (Bruce Willis) enfreint les ordres en aidant à fuir le Nigeria non seulement la belle dame blanche (Monica Bellucci), mais tous ses potes noirs. Ce que le chef sur le porte-avions (toujours Tom Skerritt) ne pige pas tout de suite. Il y a donc les gentils Africains, visages affables et jolis boubous (ils chantent même en fuyant dans les champs!), béats d’admiration devant la doctoresse. Et les méchants Africains, visages coupés au couteau et bérets impeccables, qui massacrent missions et villages à la machette.

Ce film est un amalgame honteux de prétention, de méconnaissance, de raccourcis et de mauvaise écriture, alors que Fuqua voulait probablement le contraire. On pourrait même en rire si l’image générale n’était pas aussi triste. Aujourd’hui, on fait un film d’action comme un jeu de Survivor (il faut aller d’un point A à un point B, ne pas tomber dans les embuscades, et les plus faibles vont s’éliminer en chemin), avec en toile de fond un pays majoritairement musulman où 3 millions de personnes ont le sida (mais on tourne à Hawaï, c’est plus sûr). L’Afrique est virtuelle. Ensuite, commencer un film avec des images d’archives de meurtres véritables (noir et blanc et grain télé) pour continuer avec de "vrais" meurtres de cinéma (couleurs, sang et cris), c’est déplacer l’horreur. Une vraie guerre n’est plus spectaculaire. On lui préfère encore le virtuel. Enfin, mettre dans un même film le décolleté en sueur de Monica Bellucci et une femme qui se fait couper les seins par des rebelles, c’est d’un cynisme tellement énorme qu’il doit s’ignorer. Willis quitte l’enfer africain avec sa belle en hélicoptère et il dit "Take care!" à la copine noire coincée dans son camp de réfugiés. Restez dans votre merde, nous partons. Une telle candeur raciste n’était pas voulue. Souhaitons-le. Mettons cela sur le dos d’une grande bêtise généralisée.