25th Hour : Film de deuil
Pour sa dernière création, SPIKE LEE a délaissé ses thèmes fétiches pour se pencher sur le New York post-11 septembre, qui prend malheureusement beaucoup trop de place, reléguant l’intrigue à un rang quasi accessoire.
Adaptation du roman de David Benioff, 25th Hour, de Spike Lee, relate la dernière journée dont dispose un trafiquant de drogue de Brooklyn, Monty Brogan (Edward Norton), avant d’aller purger sept ans de prison. Premier film avec en trame de fond le New York de l’après-11 septembre, 25th Hour porte en lui les cicatrices vives d’un cinéaste en deuil de sa ville bien-aimée.
Dès les premières images, ce sont les deux faisceaux de lumière bleue, commémorant l’emplacement du World Trade Center, qui déchirent le ciel au-dessus du pont de Brooklyn. Un peu plus tard, des photographies des pompiers disparus ornent le pub irlandais du père de Monty (Brian Cox), un pompier à la retraite. Çà et là, des drapeaux américains placardent les murs de la ville, quand ils ne flottent pas à l’avant des véhicules. Malheureusement, le rappel des attentats se fait si insistant que le récit principal devient secondaire. Ainsi, lorsque les deux amis de Monty, Frank (Barry Pepper) et Jacob (Philip Seymour Hoffman), discutent du sort de leur camarade, l’attention est perturbée par la vue en contre-plongée de Ground Zero. La caméra suit même un camion chargé de débris des tours jumelles traversant l’Hudson. La douleur nationale qui traverse le film devient si intense que peu nous importe de savoir si Naturelle (Rosario Dawson), la copine de Monty, l’a vendu ou non aux autorités; si Jacob tombera dans les filets de son élève Mary (Anna Paquin), une vulgaire et provocante mineure; ou si Monty suivra les conseils de son père qui lui offre une seconde chance – lors d’un interminable monologue en voix off.
À travers les différentes émotions que traverse Monty devant dire adieu à sa vie passée, ce sont celles des New-Yorkais que l’on devine. Notamment lors d’une scène où Monty crie sa haine envers tout ce qui fait la singularité de New York, comme les taxis pakistanais, les marchands coréens et les courtiers de Wall Street, éléments avec lesquels il se réconcilie à la toute fin. Ouvre atypique dans la filmographie de Spike Lee, qui délaisse ici ses sujets de prédilection tels que la négritude et les conflits raciaux, 25th Hour bénéficie d’une trame sonore mélancolique, signée Terence Blanchard, qui colle parfaitement aux images sombres illustrant une ville renaissant peu à peu de ses cendres.y
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