Flower and Garnet : Les choses de la vie
Cinéma

Flower and Garnet : Les choses de la vie

Pas facile de recréer le sens du réel et la mesure du quotidien. Au cinéma, le poids du silence qui encombre nos vies n’a souvent rien de vrai. Le réalisateur canadien Keith Behrman a justement fait attention à ces détails qui n’en sont pas. Et il l’a si bien fait qu’il a récolté plusieurs prix au pays, dont le prix Claude-Jutra aux Génies pour un premier long métrage. Longue gestation pour Flower and Garnet. "J’avais les personnages en tête depuis 1997, raconte tranquillement Behrman, venu au FFM avec son acteur principal, Callum Keith Rennie.

Pas facile de recréer le sens du réel et la mesure du quotidien. Au cinéma, le poids du silence qui encombre nos vies n’a souvent rien de vrai. Le réalisateur canadien Keith Behrman a justement fait attention à ces détails qui n’en sont pas. Et il l’a si bien fait qu’il a récolté plusieurs prix au pays, dont le prix Claude-Jutra aux Génies pour un premier long métrage. Longue gestation pour Flower and Garnet. "J’avais les personnages en tête depuis 1997, raconte tranquillement Behrman, venu au FFM avec son acteur principal, Callum Keith Rennie. J’avais beaucoup d’idées, mais ça a mis deux ans à prendre forme." Deux ans pour porter à l’écran (avec d’énormes difficultés financières) le noeud le plus simple et le plus complexe qui soit, celui de la famille. Flower and Garnet raconte un moment de crise. Garnet (Colin Roberts) a 8 ans. Sa mère est morte quand il est né, sa soeur Flower (Jane McGregor), une ado de 16 ans, a pris le relais de la tendresse et de l’éducation, oubliant sa propre jeunesse, parce que le père (Callum Keith Rennie) a démissionné, emmuré dans sa douleur. Garnet reçoit une carabine en cadeau. Et sa soeur annonce qu’elle est enceinte. Deux éléments parfaits pour amorcer une crise. L’onde de choc va bouleverser le statu quo familial. Mais cela se fait avec intelligence, sans déferlement mélodramatique. La douleur cristallisée pendant huit ans ne va pas voler en éclats de façon spectaculaire, elle va se résorber, comme un mal qui part. "Je les aime, répond le réalisateur quand on lui demande comment il a dessiné ses personnages. Je me suis identifié à eux, je crois en eux, comme je crois à leur monde." Leur monde est celui du froid suintant, d’une ville morne, avec des arbres sans feuilles et des couleurs froides. Les points chauds sont les yeux, et on reste cadré serré sur les visages. Dans la peinture des liens dysfonctionnels, on pense un peu à You Can Count On Me. Mais qu’on aurait mélangé à du Gummo. C’est moins riche. Et sans le vernis, c’est du brut.

Cela n’en devient que plus émouvant. Tout tient sur un scénario sensible et, plus encore, sur une humanité très bien rendue. Excellent casting: Colin Roberts est une petite merveille, et Callum Keith Rennie a trouvé la tension parfaite. "On a des parents, non?" lance l’acteur, mi-figue, mi-raisin, en cherchant des références. Pas du tout cuit cependant, la justesse du personnage a été compliquée à saisir: "J’avais l’impression d’être sous un microscope." Et nous, on a l’impression qu’il faut rester attentif à cette nouvelle signature…

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