La Cabine : Carabine téléphonique
Cinéma

La Cabine : Carabine téléphonique

Quelle rareté que d’étonner par la simplicité dans la cacophonie sensorielle hollywoodienne… Rare aussi de s’attaquer à la structure, en temps continu, et d’y ajouter un élément de huis clos tendu comme un fil. Et réussir ce coup de tonnerre en moins d’une heure et demie, nous laissant haletant sans nous prendre pour des unicellulaires: voilà le pari de La Cabine (Phone Booth), de JOEL  SCHUMACHER.

Une cabine téléphonique à Times Square, d’où appelle Stu, un publiciste pédant (Colin Farrell). Il remet le combiné à sa place, mais une sonnerie retentit. Il décroche, et la ligne qui le rattache à la vie est sur le point de subir des secousses. Une voix profonde lui demande d’obéir et de demeurer à l’écoute dans cet espace contigu. Cet étranger l’a réellement dans son collimateur.

Deuxième collaboration après Tigerland pour le duo Schumacher/Farrell. Farrell existe dans chaque plan ou presque, il porte ce film nerveux à bout de bras. Un rôle béton dont rêve chaque acteur mais qui sied à merveille à sa gueule en mal de leçon de vie. La caméra arrive de tous côtés, préférant un nouvel angle par réplique, dynamisant les nombreux rebondissements. On retient un concentré d’idées (scénario de Larry Cohen, king du blaxploitation), rondement amenées, dont quelques-unes bien vues, comme l’acteur qui prête sa voix – non transformée par le combiné téléphonique – à l’appeleur (pour l’oreille fine, il s’agit de Kiefer Sutherland); ou comme celle d’obliger Stu à divulguer publiquement certains agissements répréhensibles devant sa femme (Radha Mitchell), témoin dans la foule. D’autres sont moins efficaces, dont le discours boiteux censé expliquer la superficialité et les supercheries du publiciste.

Néanmoins, on s’agrippe au siège, dans un stress positif, en espérant qu’on ne nous coupe pas cette belle conversation torturante (qui, parfois, permet de rigoler) avec une fin boboche. Nulle crainte, la fin aussi est bien ficelée. Habituellement, Schumacher semble accepter des contrats comme s’il passait le temps. Ici, il ouvre les vannes de son talent dans un projet risqué (selon les recettes commerciales), qui a dormi plus d’un an sur les tablettes (un terroriste de plus et les États-Uniens appuient sur le bouton panique), signe de mauvais augure s’il en faut. Pourtant, La Cabine vaut le coup.

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