The Good Thief : Variations
Cinéma

The Good Thief : Variations

La langue, ça heurte de plein fouet dans The Good Thief, de Neil Jordan, un remake réfléchi de Bob le flambeur, film-culte, sommet du film de gangsters existentialistes de Jean-Pierre Melville. Dès les premières images, on ressent ce malaise très inconfortable devant la décision de tourner l’histoire en anglais, en plein Paris interlope. Personne ne parle français, encore moins l’argot. Normal cependant, puisqu’on a transformé Bob, le joueur rusé et usé, en Américain (Nick Nolte).

La langue, ça heurte de plein fouet dans The Good Thief, de Neil Jordan, un remake réfléchi de Bob le flambeur, film-culte, sommet du film de gangsters existentialistes de Jean-Pierre Melville. Dès les premières images, on ressent ce malaise très inconfortable devant la décision de tourner l’histoire en anglais, en plein Paris interlope. Personne ne parle français, encore moins l’argot. Normal cependant, puisqu’on a transformé Bob, le joueur rusé et usé, en Américain (Nick Nolte).

En respectant le scénario de départ, Jordan varie sur le thème. Bob joue autant, mais il a les avant-bras attirés par les seringues. La relation séculaire qu’il entretient avec Roger le détective (Tcheky Karyo) devient plus fouillée; ainsi que celle ouvertement plus sexy avec Anne (Nutsa Kukhianidze, hypnotisante), nymphette imperméable à la crasse crépusculaire. Bob s’intéresse à l’art, et comme il est fauché, il ne peut résister à ce dernier cambriolage dans un casino de la Riviera. Bob ne veut pas l’argent, il veut ce que l’argent peut acheter. Le type a toujours autant de panache.

The Good Thief s’impose comme une production de classe (à la hauteur du réalisateur irlandais de The Crying Game et The Butcher Boy). C’est rudement bien monté et, sans avoir les belles répliques de l’original, on n’en garde pas moins la truculence de Bob. Nick Nolte est cependant plus bourru que Roger Duchesne, et il n’a ni sa grâce ni sa suavité. Le film se regarde comme un tableau impressionniste, tout en clairs-obscurs grâce à la lumière de Chris Menges, en ocres et violets complémentaires, et par la façon d’accoler les scènes. Tony Lawson, monteur de Jordan depuis Michael Collins, fige constamment les plans une seconde ou deux avant de couper; de fines touches, comme une signature, qui stoppent net le plan comme des cartes jetées sur la table.

Pour revenir sur la langue, on se demande si le film n’aurait pas eu un meilleur effet situé à Londres, agrémenté d’un casting british. Cliché local oblige, on donne les rôles de méchants aux Nord-Africains, mais on ne sent pas la capacité de Jordan à palper la vie parisienne. Parions que la version française sonnera déjà plus juste.

Voir calendrier
Cinéma exclusivités