Leaving Metropolis : Du sexe et des restants humains
Cinéma

Leaving Metropolis : Du sexe et des restants humains

Prenez un homosexuel cynique, un transsexuel séropositif, une fag hag frustrée, un charmant petit couple dont la moitié masculine ne fait pas partie du 10 % des hétéros à 100 %; transplantez-les dans une ville grise comme Winnipeg; brassez le tout sans grande conviction et laissez reposer pendant 89 longues minutes. Voilà en quelques lignes les principaux ingrédients de Leaving Metropolis, la première réalisation du soi-disant controversé dramaturge canadien Brad Fraser, qui pour l’occasion sert une adaptation de sa pièce à succès de 1994, Poor Super Man.

Prenez un homosexuel cynique, un transsexuel séropositif, une fag hag frustrée, un charmant petit couple dont la moitié masculine ne fait pas partie du 10 % des hétéros à 100 %; transplantez-les dans une ville grise comme Winnipeg; brassez le tout sans grande conviction et laissez reposer pendant 89 longues minutes. Voilà en quelques lignes les principaux ingrédients de Leaving Metropolis, la première réalisation du soi-disant controversé dramaturge canadien Brad Fraser, qui pour l’occasion sert une adaptation de sa pièce à succès de 1994, Poor Super Man. La pièce aurait-elle mal vieilli? Ou Fraser aurait-il dû confier les rênes à quelqu’un d’autre, comme ce fut le cas pour sa pièce Unidentified Human Remains and the True Nature of Love, adaptée avec sensibilité par Denys Arcand sous le titre Love and Human Remains? En tout cas, la pâte ne lève pas.

De prime abord, le récit de ce peintre gai en panne d’inspiration (le grimaçant Troy Ruptash) qui s’éprend d’un restaurateur marié (l’inexpressif Vincent Corazza) n’a rien d’étonnant ni de bien choquant en soi – hormis les croûtes signées Kirsten Johnson qu’on veut nous faire passer pour des chefs-d’oeuvre. En fait, Fraser reprend en mode mineur quelques thèmes de Love and Human Remains, tels la confusion des genres, le narcissisme et la fascination pour la célébrité. Cependant, les propos que s’échangent les personnages sur l’amour, le sexe et la mort sentent le réchauffé à plein nez, quand ils ne sont pas carrément superficiels. Par ailleurs, aucun des protagonistes n’éveille la moindre sympathie, pas même la jeune épouse cocue lorsqu’elle découvre le pot aux roses.

Du côté de la réalisation, pas grand-chose à souligner, si ce n’est une mise en scène peu imaginative et plutôt statique ainsi qu’une direction d’acteurs laissant grandement à désirer. Hormis l’orgasme, ces derniers ont bien de la difficulté à simuler une quelconque émotion. Alors que reste-t-il de leurs amours? De l’embarras, car avec leurs risibles éclairages rougeâtres, les scènes d’amour, qui se veulent sensuelles et torrides, semblent tirées des plus banals films érotiques présentés à Bleu nuit. Mais ne boudons pas complètement notre plaisir: les corps des amants clandestins sont joliment glabres et musclés. Cela dit, ce ne sont pas quelques belles paires de fesses qui font un bon film. Leaving Metropolis était en compétition pour le Grand Prix des Amériques lors du dernier FFM.

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