Saved by the Belles : Un zoo la nuit
Cinéma

Saved by the Belles : Un zoo la nuit

Le monde de la nuit, les drags et les trucs en plumes, le trash, le cul, le glamour et le clinquant, la musique, les amis en guise de famille et une culture du superficiel: il y avait ça dans les premiers Almodovar, dans Pepi, Luci, Bom y otras chicas del monton, en 80, et Laberinto de pasiones, en 82. Et il y avait aussi une rage d’exister, des scénarii multicouches et une façon de faire surprenante, osée et classique. On ne décèle pas tout cela dans Saved by the Belles de Ziad Touma, mais l’énergie est là. Cet ultra-mélo qui arrive avec 20 ans de retard sur la movida a quand même du style.

Le monde de la nuit, les drags et les trucs en plumes, le trash, le cul, le glamour et le clinquant, la musique, les amis en guise de famille et une culture du superficiel: il y avait ça dans les premiers Almodovar, dans Pepi, Luci, Bom y otras chicas del monton, en 80, et Laberinto de pasiones, en 82. Et il y avait aussi une rage d’exister, des scénarii multicouches et une façon de faire surprenante, osée et classique. On ne décèle pas tout cela dans Saved by the Belles de Ziad Touma, mais l’énergie est là. Cet ultra-mélo qui arrive avec 20 ans de retard sur la movida a quand même du style.

Cette fable moderne et montréalaise sur un microcosme, qui raconte que la nuit les chats sont des chattes et qu’ils sont loin d’être gris, fut coscénarisée avec Brian C. Warren (alias Miss Sheena Hershey). Voici la rencontre de deux "soeurs" reines de la nuit, VJ Scarlet (Karen Simpson) et la diva de la jungle Sheena, avec un jeune amnésique, hot of course. L’amnésique est un Dr. Jekyll et Mr. Hyde en crise identitaire et sexuelle, tantôt Steven Turpin, tantôt Danny Gilmore. Avec le trio, on déambule dans un monde qui ressemble aux maquillages de Mado Lamotte. "Utiliser le tragique existentiel dans un contexte superficiel et burlesque", tel est le leitmotiv de Ziad Touma, réalisateur de ce premier long métrage (déjà auteur des courts Line Up et Dinner at Bubby’s). Et c’est le superficiel qui s’avère le mieux réussi. La nuit est un kaléidoscope multicolore et sonore ultra-saturé où la décoration jungle et plastique (Christian Légaré), les talents des designers de l’heure et la musique du moment s’ordonnent avec style par la mise en images de François Dutil. Sur les 55 heures de tournage de ce film, une gageure de taille: si les dialogues ont été écrits à la virgule près, ils n’ont pas été donnés aux comédiens, qui ont joué leurs propres rôles et improvisé sur le coup. D’où un travail de montage en dentelle, pour le tac au tac amusant de certains dialogues.

Et c’est bien là le plus intéressant de ce film: le thème de la reconstruction. On s’invente une vie en négatif où l’on change de genre, de look, de style, de liens amicaux et amoureux, où l’on cache sa solitude sous les lumières, et où même les vétérinaires semblent sortir du Rocky Horror Picture Show… Un scan de Montréal by night en 2003? Ziad Touma l’a fait dans ce sens. Pour le site Internet signé BlueSponge, consultez le Cahier V, et pour le volet musique, rendez-vous dans la section du même nom.

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