Identité : Nuit blanche

De mémoire, il y en a eu au moins six au cinéma, et une pour la télé. Ce qui est bien dans le cas du film de Mangold, c’est qu’il se détache tout de même de la redite pré-mâchée, tout en marquant la référence: en effet, les personnages eux-mêmes parlent du parallèle avec le célèbre roman.

Ainsi se rencontrent de manière très inattendue 10 étrangers dans un motel isolé, la nuit, sous une pluie diluvienne. Évidemment. John Cusack, Ray Liotta et Amanda Peet font figure de noyau central. Là où on nous prend par surprise, c’est dans la manière très post-moderne de raconter la disparition progressive des 10 intervenants: les éléments de suspense des autres versions sont soudain revampés selon les codes du film d’horreur, axés sur la tension, les sons exagérés (coups de tonnerre) et la découverte de corps mutilés. Puis, on s’amuse à brouiller les repères, à jalonner le récit de fausses pistes prometteuses jouant sur les identités; pour ensuite bifurquer vers le fantastique et les manifestations surnaturelles (ce motel fut construit sur un cimetière d’autochtones tués par la faute des Blancs!).

Bref, on ne nous lâche pas une seconde, le film est truffé d’idées originales sans être inoubliables, et cette aventure sous la pluie passe aussi vite qu’un claquement de doigts. Et il est plutôt agréable de constater que la qualité du scénario est inversement proportionnelle à la disparition progressive des personnages. Plus cela avance, plus on laisse derrière les assises du roman de Mme Christie et plus on nage dans des rebondissements déroutants. Film d’horreur, suspense, hommage, thriller aux circonvolutions psychologiques, pour un résultat qui va dans le sens contraire des attentes suscitées par la bande-annonce routinière.

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