Vitesse lumière : En orbite
Cinéma

Vitesse lumière : En orbite

La cinquième présentation de Vitesse lumière, le festival du vidéo et film fantastique québécois, se déroulera les 2 et 3 mai prochains, à la Chapelle du Musée de l’Amérique française. Une entreprise qui, depuis son lancement et au mépris du danger, a su repousser les frontières de l’inconnu. Capitaine CARNIOR au rapport.

"Je sentais qu’il y avait un manque au Québec du côté de la science-fiction, explique Carnior, initiateur du projet et membre de Phylactère Cola. Je me disais que je n’étais pas le seul à en faire, mais qu’on ne voyait pas les autres, qu’il n’y avait rien pour les regrouper. C’est une sorte de cheval de bataille, au fond. J’ai décidé de faire un festival pour donner une fenêtre à cette facette du cinéma québécois qu’on voit moins souvent, mais qui existe et mérite d’exister."

Une idée qui a fait son chemin puisque l’événement célèbre déjà son cinquième anniversaire et connaît un succès croissant, tant chez les artisans (une quarantaine d’oeuvres reçues cette année) qu’au sein du public. "L’an dernier, il a même fallu qu’on refuse une centaine de personnes, se désole l’organisateur, conscient de la déception de ceux qui ont dû rebrousser chemin. Pour régler le problème, on a programmé deux représentations par soir cette année [à 20 h et 22 h 30] et les billets sont disponibles en prévente."

Autre tendance frappante quant à l’évolution de Vitesse lumière, selon lui: la qualité de production des films. "C’est surprenant, s’exclame-t-il. Grâce à la révolution numérique, les frais de production ont diminué et la qualité a augmenté. Les gens me disent que les films sont de plus en plus professionnels, mais en fait, c’est le même ratio [environ deux tiers d’amateurs et de semi-pros pour un tiers de pros], c’est juste la qualité qui s’est améliorée."

Ouvert à tous, donc, le concours permet aux fans de fantastique, de science-fiction et d’horreur de découvrir tant les productions de réalisateurs qui s’adonnent pour la première fois au genre que celles de grands habitués. "Je pense à Izabel Grondin (Terrore et Aspiralux), par exemple, qui est rendue une icône de l’horreur au Québec; ses films sont toujours un must au festival", observe Carnior, qui conseille également "Fisher-Preise, d’Igor Simonet, un film techniquement parfait, très esthétique, et Astro-Poère, de Jean Renaud, qu’il a réalisé seul, en 3D, franchement très surprenant, beau, rigolo", pour ne nommer qu’eux.

Dans l’ensemble, le programmateur constate par ailleurs que la sélection comporte moins de films comiques que par le passé. "C’est un autre ton, explique-t-il. De toute façon, on fait ça dans une chapelle, alors on voulait avoir une ambiance plus dark." N’empêche, avec un groupe comme Black Taboo (Godbless the Topless, www.blacktaboovideo.com) au menu, on ne risque pas de s’ennuyer. "Ils se sont inspirés des films de kung-fu des années 70. C’est de la bagarre, de la mauvaise post-synchro, des bruits de coups de poing; c’est décousu, mais techniquement bien fait et très drôle."

Une question demeure cependant lorsqu’on s’intéresse au cinéma de genre québécois: pourquoi semble-t-il évacué du domaine du long métrage? "Le samedi après-midi, tous les réalisateurs vont participer à une table ronde et on va parler de ce genre de sujet, expose Carnior. Ensuite, on va justement présenter un long métrage québécois d’horreur, $la$hers$, de Maurice Devereaux. C’est un gars de Montréal très respecté dans le domaine au Québec, mais il a été obligé de faire son film en anglais et de l’autoproduire. C’est sûr que l’horreur est pas mal boudée par les structures financières du Québec. Au Canada, c’est un peu différent. Mais je trouve ça triste parce que, qu’on aime ou non le genre, il existe. S’il y a des gens qui font ça au Québec, ça fait partie du cinéma québécois."

Info: www.vitesselumiere.org

Aussi, une quinzaine de films présentés ou à être présentés à Vitesse lumière se retrouvent sur le site de Silence on court (soc.pmvp.ca).