Faut-tu que j'tue mon père? : Contre vents et marées
Cinéma

Faut-tu que j’tue mon père? : Contre vents et marées

La route sillonne le flanc montagneux gaspésien, encaissée entre le roc et le fleuve houleux. Un endroit où la marge de manoeuvre est mince. Ce paysage, repris plusieurs fois dans le documentaire de Nathalie Synnett, Faut-tu que j’tue mon père?, sert d’aide-mémoire pour illustrer, sans détour aucun, la réalité de six jeunes dans la vingtaine.

La route sillonne le flanc montagneux gaspésien, encaissée entre le roc et le fleuve houleux. Un endroit où la marge de manoeuvre est mince. Ce paysage, repris plusieurs fois dans le documentaire de Nathalie Synnett, Faut-tu que j’tue mon père?, sert d’aide-mémoire pour illustrer, sans détour aucun, la réalité de six jeunes dans la vingtaine.

Ce qui frappe dans ce film ayant reçu le prix du meilleur espoir documentaire aux derniers Rendez-vous du cinéma québécois, c’est le ton extrêmement direct. Les six témoignages ressemblent à des mains placées en porte-voix pour mieux crier la vérité de cette région. Écho et appel de détresse. Or, Synnett en sait long sur cette détresse, provenant elle-même de la péninsule, de Murdochville plus précisément. Le sentiment de proximité, voire une intense intimité durant les entretiens, démontre que la réalisatrice n’a pas eu à faire des pieds et des mains pour établir une relation de confiance avec ses interlocuteurs. Les jeunes se confessent à la caméra, ne retenant rien de leurs craintes, comme s’ils étaient en présence d’une confidente. Cela conduit à un collage d’expériences tournant autour des préoccupations régionales, mais aussi personnelles.

La survie économique, le suicide, le déracinement des amis, l’homosexualité, les drogues et l’amour: autant de points chaudement amenés à tour de rôle, entrecoupés par des images de monts majestueux et de vagues déchaînées. À l’écoute de ces jeunes, on a la boule bien nouée dans la gorge: quand un dyslexique nous raconte dans son franc-parler comment il a confronté son père pour qu’il lui dise qu’il l’aimait vraiment; quand dans une famille on se remémore la relation étroite entre la fille et le défunt grand-père. Il est surtout poignant de les entendre dire que la plupart d’entre eux ont envisagé le suicide. Y compris la réalisatrice.

On ressent l’immense appui de Synnett, narratrice du film, y allant de commentaires encourageants pour chacun des intervenants. Une vision de documentariste qui fusionne le Je et le Nous, voulant montrer la beauté de se tenir debout, tout droit, contre vents et marées. Faut-tu que j’tue mon père? ne laisse pas froid. C’est de la compassion toute chaude qui regarde la réalité haute-gaspésienne avec la plus grande lucidité sans baisser les bras.

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