Festival du film juif de Montréal : Grand angle
Cinéma

Festival du film juif de Montréal : Grand angle

Grand tour d’horizon pour la 8e édition du Festival du film juif de Montréal. Cette année, les films proviennent d’une quinzaine de pays. Le film d’ouverture, Nowhere in Africa, de l’Allemande Caroline Link, Oscar du meilleur film étranger, récit de l’adaptation d’une famille juive au Kenya, est donc à l’image de cette rencontre.

Grand tour d’horizon pour la 8e édition du Festival du film juif de Montréal. Cette année, les films proviennent d’une quinzaine de pays. Le film d’ouverture, Nowhere in Africa, de l’Allemande Caroline Link, Oscar du meilleur film étranger, récit de l’adaptation d’une famille juive au Kenya, est donc à l’image de cette rencontre. Il y a bien sûr les films sur l’Holocauste et sur ses conséquences (Undying Love: True Stories of Courage and Faith, de la Montréalaise Hélène Klodwasky; Thanatos & Eros: The Birth of the Holy Freak de l’Américain Karl Nussbaum); mais on souligne également cette année le cinquantième anniversaire de l’exécution des époux Rosenberg, avec deux documents sur cette triste histoire: Unknown Secrets: Art and the Rosenberg Era, de Daniel Keller, Charles Light et Rob Okun, où se mêlent art et politique, et Michael & Robert, de Netty Rosenfeld, témoignage des enfants du couple.

À la manière d’Élia Suleiman (Intervention divine) ou d’Avi Mograbi (Août avant l’explosion), l’art se raffine et l’humour sert de guide pour exposer des sujets brûlants. Moments, Israel 2002, une production Matar-Plus, est un collectif dans cette lignée. La réalité israélienne y est découpée en 17 vignettes, réalisées par des cinéastes talentueux, présentées au Festival du film de Jérusalem et diffusées à la télévision. Innovateur. En fiction, le sujet peut créer l’originalité. Jolie histoire de choix et bonnes interprétations pour All I’ve Got, de Keren Margalit, mélange de Heaven Can Wait et The Love Boat. Pour aller au paradis, il faut embarquer dans un paquebot, où le Chiron du coin a le don de faire rajeunir et de faire oublier les souvenirs. Alors quand on est une mamie de 72 ans, on a peut-être envie de retrouver son premier amour qui nous attend, jeune et beau, depuis 50 ans dans cette croisière? Prévisible, mais tendre.

Raffinement toujours, dans la mise en forme de sujets moins légers: amour interdit entre deux officiers de l’armée israélienne, gros succès en Israël que Yossi & Jagger, d’Eytan Fox (excellente série Florentene); et témoignage d’amour envers sa mère dans le très simple Cinema Egypt, de Rami Kimchi. Jolie lettre à une mère belle comme Jennifer Jones, déracinée du Caire et mal mariée, mais partageant avec son fils l’amour du cinéma. En montage parallèle, on suit le classique mélo Leila the Village Girl et cette relation mère-fils, avec en plus un aperçu de l’exil et un méli-mélo de langues idéal pour perdre sa culture… D’une grande élégance formelle pour une histoire fabuleuse, celle du chaînon manquant: My Name Was Sabina Spielrein, d’Elizabeth Marton, raconte la vie de la première patiente en psychanalyse de Carl Gustav Jung et une des premières femmes à se joindre à la société psychanalytique de Sigmund Freud. Instructif.

Enfin, pour les fans: Mike Brant: laisse-moi t’aimer, d’Erez Laufer, expose la montée en flèche du beau Moishe d’Haifa, jusqu’à sa chute mortelle dans le 16e arrondissement, en 1975. Le film a beau inclure bon nombre d’entrevues, on apprend vraiment peu de choses sur Mike Brant. Vraie déprime? Drogues? Poids familial de l’Holocauste? Autre chose? C’est plus un reportage photo qu’un documentaire fouillé. On veut maintenant la suite: tout savoir sur Mike…

Festival du film juif de Montréal
À la Cinémathèque québécoise et à l’ONF
Du 8 au 15 mai
www.mjff.qc.ca