The Real Cancun : Sea, Sex and Sun
Cinéma

The Real Cancun : Sea, Sex and Sun

Un des avenirs du cinéma serait donc le reality show. C’était à prévoir. Les maîtres du genre, les producteurs Mary-Ellis Bunim et Jonathan Murray, qui ont formé Bunim-Murray Productions en 1987 et inventé un nouveau genre de télévision, The Real World sur MTV, ont franchi le pas vers le cinéma. Voici leur film tout chaud sorti du montage, The Real Cancun. Huit gars et huit filles, 18-20 ans, choisis selon un casting pointu, ont signé un pacte avec le diable: partir huit jours dans un hôtel de luxe à Cancun durant le spring break, boire, draguer, draguer et boire, mais accepter de se laisser filmer 24 heures sur 24.

Un des avenirs du cinéma serait donc le reality show. C’était à prévoir. Les maîtres du genre, les producteurs Mary-Ellis Bunim et Jonathan Murray, qui ont formé Bunim-Murray Productions en 1987 et inventé un nouveau genre de télévision, The Real World sur MTV, ont franchi le pas vers le cinéma. Voici leur film tout chaud sorti du montage, The Real Cancun. Huit gars et huit filles, 18-20 ans, choisis selon un casting pointu, ont signé un pacte avec le diable: partir huit jours dans un hôtel de luxe à Cancun durant le spring break, boire, draguer, draguer et boire, mais accepter de se laisser filmer 24 heures sur 24. L’hôtel, décoré pour le film et truffé de caméras et de micros cachés, abrite d’un côté les 16 jeunes et de l’autre, l’équipe du film. Espionnage top et non-stop: des équipes volantes suivent sur moniteur (44 moniteurs…) les moindres rebondissements des romances en développement et des amitiés contrariées; chaque matin, l’on dresse un compte rendu des activités de la veille dans la salle de contrôle, et pas moins de sept experts essaient de minimiser les problèmes sonores occasionnés par la proximité de l’océan, les décibels des groupes sur la plage (Simple Plan, Snoop Dog et Hot Action Cop) et la nudité de certaines activités nocturnes, incluant le bain de minuit.

On a donc tout en plus long et en plus coloré. Voyeurisme exacerbé, avec plus de seins, plus de fesses, plus de soleil, plus de tequila shooters, et plus de participants. Le spectateur a l’impression de suivre huit soaps en même temps ou, pour les pessimistes, la version light des théories d’Henri Laborit. Cette semaine en circuit fermé commence en tapant sur les nerfs. On a d’emblée envie de filer des claques à cette bande d’ados attardés – les gars avec leurs ridicules bandanas comme les filles avec leur maquillage waterproof – qui savent mimer la sexualité avec la précision d’un film de cul. On a envie de passer au lance-flammes cette presqu’île de Cancun, croulant sous la pollution de boîtes de nuit hurlantes, de 4 x 4 et de concours de wet t-shirts. Et puis, étrangement, on finit par s’avouer vaincu. Coincé au bout de ses a priori. Car même si les hurleurs hurlent davantage quand ils ont un kodak dans le visage, si l’on sait que ce n’est pas une photocopie de la réalité, on arrive à la vraie perception par la fausse représentation. C’est un rite de passage. Ce moment où l’enfance bascule. On a encore les caractéristiques du bébé adulte: on appelle sa mère, on ne veut pas travailler, on veut juste jouer, et rien n’a d’importance ni de conséquences. On boude et on fait des colères. Mais on s’essaie à la confrontation sociale, verbale, amicale et sexuelle. Et c’est plus rugueux que prévu. Que ce phénomène arrive relativement tard chez les étudiants américains en spring break par rapport au reste du monde n’étonnera personne. Cela en est même une culture…

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