X-Men 2 : Sans risque
Cinéma

X-Men 2 : Sans risque

La critique sera reposante. Voilà un film où l’on peut dire n’importe quoi, hurler à la mort, employer un tas de gros mots et écrire en latin si ça nous chante: ça ne fera pas un pli sur la différence, car tout le monde va se précipiter pour voir X-Men 2.

Le vrai monde entier, car le film est sorti simultanément dans tous les pays en même temps. Et puis c’est normal qu’on se précipite, le premier X-Men avait belle allure. Personnages bien campés, effets d’enfer, nouvelle gueule d’amour (Hugh Jackman), tornade pré-oscarisée (Halle Berry) et scénario crédible: on a embarqué comme des fous… Alors quoi! La loi des suites se perpétue-t-elle? Hé oui.

C’est moins bon. Et plus peureux aussi. Car il y avait matière à décoller dans de jolies métaphores. Mais on reste au plancher des vaches, ce qui est malheureux pour des mutants si doués. Les mutants sont donc tranquillement en train de muter dans leur manoir victorien sous la direction paisible du professeur Xavier (Patrick Stewart), quand le vilain Magneto (Ian McKellen) les balance à un vil scientifique (Brian Cox), ce qui entraîne une série de complications pour Volverine, Storm, Jean (Famke Janssen), Cyclops (James Marsden), Rogue (Anna Paquin), son petit copain Iceman (Bobby Drake), mais aussi pour Mystique (Rebecca Romijn-Stamos) et les nouveaux venus, le Nightcrawler (Alan Cumming) et le petit Pyro (John Allerdyce). Sur un scénario ennuyeux aux allures de film-catastrophe (oui, il y a un barrage qui cède), qui répète encore et toujours les délires d’un fêlé qui veut contrôler le monde, on a droit à un petit tour de piste de chacun des concurrents. Un peu de tempête, un peu de feu, un peu de griffes d’acier, un peu de glace… Tous en scène. Ressortent de cette série de vignettes Volverine en plein rebirth (toujours aussi mal coiffé, mais en camisole blanche…) et la très suave et cool Mystique, coquine à souhait. On sent que les petits jeunes sont prêts à prendre la relève et qu’ils poussent les "vieux" dans le dos.

Mais outre l’énergumène bleu et bizarre, qui prie en allemand et qui a le monopole de l’humour (Cumming), on baigne dans la guimauve bien collante et fortement appuyée par des violons. Fini, l’écriture fine. C’est pourtant le même gars qui est aux commandes, Bryan Singer. Il avait dans les mains une matière hautement malléable et fantasmagorique pour décoller au pays des symboles, une matière plus flexible que le premier, les présentations ayant été faites. Mais Singer reste dans l’à-peu-près et le flou, en tartinant une mise en scène fichtrement conventionnelle. Dès la première scène, on sent l’amorce d’une réflexion sur la guerre, l’unité des forces devant l’adversité, croire en Dieu ou en la haine, etc., des trucs qui font écho à la réalité; mais on quitte la piste rapidement pour l’anecdote et le sentimental. On sent aussi passer un sous-texte sur l’adolescence, période trouble où l’on ne sait pas où se poser, ni quel mentor suivre (que va faire Pyro?), ni quelle sexualité vivre (difficultés épidermiques entre Rogue et Iceman). Mais cette vision ne tient pas la route non plus, et on se perd à répétition dans les scènes d’action. Excellentes par ailleurs, quand Magneto fait une récupération de métal et quand il dégoupille des grenades… Bref, si on cherche de l’amusement, on trouve quand même: remarquez donc que Magneto est de plus en plus gay icon et Xavier, de plus en plus pétrifié. X-Men 3 sera sexuel ou ne sera pas. On peut rêver…

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