The Sea : Lame de fond
Cinéma

The Sea : Lame de fond

Avec un seul film, 101 Reykjavik, Baltasar Kormakur était brusquement sorti de son Islande natale pour faire le tour du monde. Le ton était cool, la comédie, ironique, grinçante et piquante. Fort de cela, Kormakur a débarqué au Festival de Toronto l’année dernière avec The Sea, adaptation d’une pièce d’Olafur Hakur Simonarson: oeuvre sombre, comme si, dans ce deuxième essai, il avait voulu établir son sérieux de metteur en scène. Il a fait un film cynique assez réussi.

Avec un seul film, 101 Reykjavik, Baltasar Kormakur était brusquement sorti de son Islande natale pour faire le tour du monde. Le ton était cool, la comédie, ironique, grinçante et piquante. Fort de cela, Kormakur a débarqué au Festival de Toronto l’année dernière avec The Sea, adaptation d’une pièce d’Olafur Hakur Simonarson: oeuvre sombre, comme si, dans ce deuxième essai, il avait voulu établir son sérieux de metteur en scène. Il a fait un film cynique assez réussi.

On nage en plein drame, où un père (Gunnar Eyjolfsson), propriétaire d’une entreprise de pêche dans un village perdu d’Islande, décide de réunir ses trois enfants pour régler la succession. L’aîné (Sigurdur Skulason), le plus faible, travaille pour le père, est en constantes difficultés financières et se fait houspiller par sa femme alcoolique qui veut de l’argent; la fille (Gudrun Gisladottir) vit à Reykjavik avec un mari norvégien mou et un fils adolescent complètement détaché; et enfin, le petit dernier (Hilmir Snaer Gudnason, héros de 101 Reykjavik), le chouchou du père qui voit en lui son digne successeur, arrive de Paris avec sa blonde enceinte (Hélène de Fougerolles), avec des envies d’écrire des chansons plutôt que de se faire chalutier, et trouve que sa cousine Maria (Nina Dogg Filippusdottir) est bien attirante. Mais elle est peut-être un peu plus que sa cousine… Et ce n’est qu’un des multiples secrets de cette famille sérieusement dysfonctionnelle. On fait donc dans la tragédie quotidienne, celle qui a tourmenté les Tchekhov et autres Tennessee Williams. Ici, l’écriture est assez fine, méchante, sans pardon, les acteurs ont l’aisance presque britannique pour entrer dans les personnages et on ne devine pas la succession des situations, même si le plan d’ensemble est vite limpide. Reste que le tableau est très chargé, beaucoup de personnages (souvent caricaturaux, comme la grand-mère) se maltraitent et les sous-drames n’en finissent plus de débouler dans cette journée infernale qui finit dans les flammes.

Superbe photographie en grand angle, une nature qui s’impose et qui semble prendre le pas sur les folies humaines, comme si elle allait bientôt reprendre sa place. Tout ce qui grouille ici-bas alors importe peu: les membres d’une famille, tous plus égoïstes les uns que les autres; les habitants d’un village qui s’étouffent dans le manque de job et l’isolement; et le bouc réfractaire qui, pour la petite histoire, sillonne vraiment les rues de ce village!

Voir calendrier
Cinéma exclusivités