The Shape of Things : Esprit tordu
Cinéma

The Shape of Things : Esprit tordu

Parce qu’on se demandait, après In the Company of Men de Neil LaBute, si des femmes pouvaient agir de la sorte, l’auteur répond avec The Shape of Things. Souvenez-vous: la morgue d’Aaron Eckhart, son cynisme, et surtout son implacable logique. Même logique cérébrale pour cette histoire très Neil LaBute, un des plus intéressants metteurs en scène de théâtre et de cinéma aux États-Unis en ce moment, également auteur de l’excellent Your Friends & Neighbors, de Nurse Betty et de cette erreur qu’était l’adaptation de Possession, d’après le livre d’A.S. Byatt.

Parce qu’on se demandait, après In the Company of Men de Neil LaBute, si des femmes pouvaient agir de la sorte, l’auteur répond avec The Shape of Things. Souvenez-vous: la morgue d’Aaron Eckart, son cynisme, et surtout son implacable logique. Même logique cérébrale pour cette histoire très Neil LaBute, un des plus intéressants metteurs en scène de théâtre et de cinéma aux États-Unis en ce moment, également auteur de l’excellent Your Friends & Neighbors, de Nurse Betty et de cette erreur qu’était l’adaptation de Possession, d’après le livre d’A.S. Byatt.

Avec The Shape of Things, on retrouve son mordant. Deux étudiants, Evelyn (Rachel Weisz) et Adam (Paul Rudd), s’engagent dans une relation passionnée. Au contact d’Evelyn, Adam commence à changer, physiquement et socialement, au grand étonnement de ses copains, les futurs mariés Jenny et Phil (Gretchen Mol et Frederick Weller). La suite est redoutable. LaBute y développe ses obsessions d’artiste érudit et de penseur: la séparation de l’art et de la morale, la tyrannie de l’apparence, la construction factice de l’amour et l’obsession de la vérité en amour. Mais par-dessus tout, la logique inhumaine dans la poursuite d’un but de la part d’un individu. Une recherche têtue que l’on retrouve dans les pièces de l’époque de la Restauration anglaise; cet aplomb intransigeant que Valmont, dans Les Liaisons dangereuses, ne peut même pas suivre jusqu’au bout.

La construction de cette romance mélodramatique très tordue rappelle à quel point LaBute est brillant pour mener le spectateur par le bout du nez. Dans un style simple, très bavard en information et en sous-texte, il contrôle le rythme de son histoire sans défaillir. On s’arrête où il veut, on regarde ce qu’il veut mettre en évidence, on déduit ce qu’il veut que l’on déduise… Machiavélique. On sent cependant l’effet du théâtre filmé. Le film a été réalisé après juste neuf mois de représentations sur scène en Angleterre et aux États-Unis, avec les mêmes acteurs. Une distribution courte, pas de scènes-tampons, une déferlante de champs, contrechamps: le film est une partie de ping-pong continue entre quatre excellents acteurs (un peu de surjeu du côté de Paul Rudd), seulement un rien trop âgés pour être des étudiants. Si l’adaptation au cinéma ressemble à une copie filmée de la pièce, on peut mettre ça sur l’envie de LaBute de diffuser son histoire à un plus grand nombre. Bonne idée, le divertissement en vaut la peine.

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