Assez avec l’amour : Petit plaisir
Retour en arrière, encore une fois. Après Arrête-moi si tu peux et Loin du paradis, surfons sur l’Amérique mythique… Assez avec l’amour (Down with Love) recopie Confidences sur l’oreiller, cette romance rose et coquine de 1959 où Doris Day et Rock Hudson jouaient au chat et à la souris au téléphone, histoire de faire mijoter le spectateur avant l’inévitable confrontation physique.
Retour en arrière, encore une fois. Après Arrête-moi si tu peux et Loin du paradis, surfons sur l’Amérique mythique… Assez avec l’amour (Down with Love) recopie Confidences sur l’oreiller, cette romance rose et coquine de 1959 où Doris Day et Rock Hudson jouaient au chat et à la souris au téléphone, histoire de faire mijoter le spectateur avant l’inévitable confrontation physique.
Le style de ces comédies loufoques frisait l’absurde, tout était permis tant qu’on avait l’air vierge et frais, et rien n’était sévère. L’ossature d’Assez avec l’amour reste dans le ton: une voix enjouée présente le lieu et l’époque, les appartements sont à faire frémir les designers post-baby-boomers avec terrasse sur Manhattan et bar escamotable; la fille blonde et têtue ne pense qu’aux affaires, le gars beau et volage ne pense qu’à l’amour. Elle a écrit un livre qui déconseille l’amour, il veut la faire tomber dans son piège. Il change de fille comme de chemise en se souriant dans le miroir, elle laisse tomber son manteau dès qu’elle entre dans un restaurant et danse en déshabillé transparent avec des mules en marabout. Le meilleur copain (David Hyde Pierce) est maladroit et a des porte-chaussettes, et la meilleure copine (Sarah Paulson) est brune, évidemment, et nerveuse. Et ils boivent tous des martinis. Il y a des bouts de simili-comédies musicales, des chansons de crooners, un montage saccadé, l’écran qui se divise et, enfin, Tony Randall (déjà second violon dans Confidences sur l’oreiller) qui reprend du service en vieux bougon. Tout y est.
Renée Zellweger, à croire qu’il n’y a qu’elle dans ce métier, a le visage de l’emploi. Elle est plus mutine que jamais et compose les mêmes moues que dans Bridget Jones. Ewan McGregor, le cheveu encore tout foncé de Moulin Rouge, a l’énergie et le sourire ravageur pour le rôle, et toujours un aussi joli brin de voix.
Alors quoi? Alors rien, on sera toujours plus vigilant à cerner les différences quand un film fait dans les années 2000 parle des années 60. Des dialogues moins bien en bouche, une aisance dans les corps des acteurs qui en ont vu d’autres, une vulgarité un rien plus affichée, une robe moins bien conçue, une silhouette beaucoup trop sculptée aérobie… Des détails, bien sûr, qui n’empêchent pas de trouver le film de Peyton Reed (Le Tout pour le tout) charmant. Mais si l’on suit les méandres du quartette amoureux avec un sourire en coin, on se demande pourquoi il y a toujours plus de grâce dans les taches de rousseur de Doris Day et dans le port de tête de Rosalind Russel dans Auntie Mame… Nostalgie, élégance et poésie, sans doute.
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