Ginette Reno : Amoureuse et authentique
Cinéma

Ginette Reno : Amoureuse et authentique

Révélée en 1991 par Léolo de Jean-Claude Lauzon, GINETTE RENO revient pour la quatrième fois au grand écran dans un rôle qui lui sied à merveille, celui d’une mamma italienne,Rencontre avec une pasionaria.

Attablée dans un coin discret d’un resto vietnamien de la rue Saint-Denis, Ginette Reno ne correspond pas à l’image de diva que l’on se fait d’elle. À peine maquillée, habillée simplement, l’artiste semble encore épuisée par la série de spectacles qu’elle a donnée le week-end précédant l’entrevue. Malgré tout, le sourire est accueillant, et la poignée de main, franche.

Émile Gaudreault prétend être très doux avec ses acteurs. Vous qui avez tourné avec Lauzon, qui n’avait pas la réputation d’être un tendre, comment avez-vous vécu cela?
"Lauzon était un être exceptionnel. J’ai adoré travailler avec lui, il était si compréhensif envers les acteurs. Avant de mourir, Jean-Claude m’a apporté quelque chose de grand. Il m’a téléphoné pour m’énumérer mes qualités et mes défauts… Puis il m’a dit: "La caméra ne t’aime pas, elle t’adore! T’es de la trempe des grands!" Il m’a beaucoup apporté, tout autant que Christian Duguay (Les Jumelles Dionne) et Denise Filiatrault (C’t’à ton tour, Laura Cadieux) par la suite. Émile est très perfectionniste, il en est même dur! Par sa douceur, il nous mène vers la perfection. À l’audition, où je présentais deux scènes, je lui ai dit: "Moi, je suis une one take woman, tu m’insultes en me faisant recommencer 10 ou 12 fois de toutes les manières!" Mais Steve (Galluccio), tout en respectant mon point de vue, m’expliquait le sien et je changeais ma perception de la scène. Émile a même osé dire à Sorvino: "Je ne veux pas que tu sois bon, je veux que tu sois génial!"" (rires)

Justement, parlons de Paul Sorvino…
"On fait un beau couple, hein? interrompt-elle avec un clin d’oeil malicieux. Je voulais que les gens aient l’impression que nous étions vraiment un couple."

Pour y arriver, l’artiste québécoise a dû faire preuve de caractère afin de mettre l’acteur hollywoodien dans sa poche. Lors de leur première rencontre, ils devaient enregistrer une chanson ensemble. Sorvino refusant de chanter, Reno proposa sans ambages qu’ils l’enregistrent séparément. Séduit par la voix de la chanteuse, Sorvino s’inclina.

"On avait tout de même quelques conflits. J’ai étudié deux ans avec Lee Strasberg, et Paul le trouve pourri! J’étais fâchée qu’il ne respecte pas ma méthode, je n’ai donc pas vraiment écouté la sienne, qui me semblait très difficile. Paul arrive le matin sans savoir vraiment ce qu’il va faire, et ça marche! Moi, je pratique des semaines et des mois jusqu’à ce que ça devienne une seconde nature."

D’ailleurs, vous semblez très à l’aise dans la peau d’une Italienne; comment vous êtes-vous préparée pour le rôle de Maria?
"Je suis allée dans les cuisines pour écouter les bonnes femmes de la Petite Italie. Je me suis aussi beaucoup basée sur la mère de mon chum Carlo, aujourd’hui décédée. C’était une femme prude, scrupuleuse."

Bien que ce soit une vocation tardive, Ginette Reno révèle que le cinéma a toujours occupé une grande place dans sa vie. À l’âge de 11 ans, elle passait ses journées dans l’obscurité des salles de cinéma tant elle trouvait sa vie terne. En revenant à la maison, l’adolescente se plaisait à rejouer les scènes, mais au fond d’elle-même, elle ne croyait pas se voir un jour au grand écran.

En 1974, à la suite d’une peine d’amour, elle se rend en Californie où elle étudie pendant deux ans l’art dramatique avec Lee Strasberg, qui lui dira: "You’re not gonna show a little dog how to bark but you own this fucking stage!" Pourtant, lorsque Strasberg lui offre un rôle, elle refuse: "Parce que j’étais énorme, un éléphant! En un an, j’étais passée de 117 à 325 livres! "You’ve gotta use the negative in a positive way" qu’il m’avait dit, tout en me traitant de stupide parce qu’il trouvait que je pouvais faire quelque chose malgré mon poids."

Ayant écrit trois scénarios, dont une comédie musicale, celle qui se décrit comme une maniaque de cinéma rêve de pouvoir diriger ses propres films. En attendant, elle doit encore se heurter à l’étiquette de "chanteuse populaire" qu’on lui accole. Mais la Reno a des nerfs d’acier et ne se perçoit pas du tout comme un imposteur.

Vos histoires d’amour ont été déterminantes pour votre carrière, vous qui êtes allée jusqu’à sacrifier une carrière internationale pour un homme. Êtes-vous prête maintenant?
"Bah! On va voir… J’espère que ce n’est pas mon dernier film, mais avec tout ce qui m’est arrivé dernièrement, je suis devenue extrêmement fataliste: Ginette, a va mourir comme tout le monde! Une chose est sûre, Mambo Italiano va faire des p’tits bébés…"

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