Homicide à Hollywood : Duo comique
Cinéma

Homicide à Hollywood : Duo comique

Quelques mois seulement après la sortie de Dark Blue avec Kurt Russell, un drame policier inspiré de l’affaire Rodney King, le réalisateur-scénariste Ron Shelton, célèbre pour ses films sportifs comme Duo à trois et Tin Cup (pour ne nommer que les plus remarquables), revient avec Homicide à Hollywood, comédie policière mettant en scène, ô surprise! un tandem de flics dépareillé. L’Arme fatale, Heure limite, Flics en direct… la liste est bien longue et le genre s’étiole, mais le public en redemande. Shelton arrivera-t-il à renouveler le genre? Pas vraiment, mais force est d’admettre qu’il nous déride franchement à quelques reprises.

"Circulez, y’a rien à voir!" serait-on tenté de crier après avoir vu Homicide à Hollywood. Pourquoi cette envie spontanée? Parce que Shelton et son coscénariste Robert Souza ne seront jamais parvenus à ficeler assez solidement les multiples intrigues de façon à nous y intéresser vraiment. Secondé par son collègue K.C. Calden (le mignon Josh Hartnett), le policier Joe Gavilan (le très en forme Harrison Ford, qui s’amuse comme un gamin) enquête sur le meurtre de quatre rappeurs alors qu’il est lui-même l’objet d’une enquête interne pour une histoire de prostitution, à la demande de son supérieur (le rigide Bruce Greenwood), qui a le mot ripoux tatoué dans le front. Un gros nom de l’industrie du rap sera bientôt soupçonné (l’accessoire Isaiah Washington), de même que l’assassin du père de K.C. (l’inquiétant Dwight Yoakam), qui était aussi policier. Comme si ce n’était pas suffisant, s’y greffe également une idylle entre Joe et une voyante de la radio (coquine Lena Olin), prétexte à une scène d’amour plus rigolote que capiteuse où madame tiendra les rênes. Pour agrémenter le tout, on multiplie les caméos: Smokey Robinson, Gladys Knight, Eric Idle et, surtout, Lou Diamond Philips, assez surprenant en travelo.

Les éléments s’imbriquent si lentement et de façon tellement brouillonne qu’après une demi-heure, on voudrait quitter la salle… Heureusement, les compères scénaristes ont eu la bonne idée d’affubler l’impayable duo de passe-temps et d’ambitions qui donneront lieu à des moments plutôt loufoques. Agent immobilier à ses heures, Joe tente de conclure tant bien que mal une entente de vente avec un vieux producteur de cinéma (Martin Landau, sous-employé) en poursuivant sans relâche les coupables. D’ailleurs, le point culminant d’une poursuite plutôt bien menée dans les points chauds d’Hollywood s’avère l’emprunt d’une bicyclette rose que Ford chevauche avec toute la fougue d’un Indiana Jones. Quant à K.C., qui enseigne le yoga à de jolies filles, il songe à quitter l’uniforme pour devenir acteur: il faut le voir se prendre pour Brando dans Un tramway nommé Désir! Toutefois, cette accumulation de scènes d’un comique inégal n’a pour effet que de noyer l’intrigue policière et d’évacuer rapidement l’univers rap dans lequel elle nous plongeait en premier lieu. Autre problème: le courant ne passe pas entre Harrison Ford et Josh Hartnett, qui paraît souvent bien pâle face à son désinvolte aîné. Au fait, Homicide à Hollywood n’est-il qu’un mince prétexte pour réorienter la carrière de monsieur Ford?

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