28 jours plus tard : Zombieland
Cinéma

28 jours plus tard : Zombieland

Après s’être penché sur le dur quotidien de junkies et la vie en communauté de jeunes touristes, DANNY BOYLE explore de nouvelles avenues et flirte avec le film d’horreur, mettant en scène des zombies nouveau genre.

Ces temps-ci, le SRAS donne à réfléchir sur le potentiel réel d’une épidémie à grande échelle. Cela fait resurgir en tête des fléaux comme la peste bubonique ou la grippe espagnole, alors que nous avions déjà les mains pleines avec la réalité du sida. En toute honnêteté, les scientifiques prédisent que selon les habitudes de voyages transcontinentaux, on est assis sur une catastrophe à retardement. Sans être prophète de malheur, Danny Boyle arrive à point nommé avec son 28 jours plus tard (sorti en décembre en Europe). Un étonnant catalyseur de phobie contagieuse.

On ne s’en sort pas dans ce type de film à la trame usée: une souche virale extrêmement transmissible s’échappe d’un laboratoire, et l’humanité paie la note laissée par des scientifiques irresponsables. Ici, on parle d’une variante de la rage, contractée par le sang ou la salive, qui, en 25 secondes, rend l’infecté fou furieux, l’obligeant à tuer ses semblables. Comme l’indique le titre, l’histoire commence 28 jours après l’épidémie. Jim (Cillian Murphy, Disco pigs) retrouve ses sens dans un hôpital londonien déserté. Hagard, il erre dans la ville abandonnée sans trouver personne. Très vite, des infectés aux allures de zombies sauvages et véloces le prennent en chasse.

Danny Boyle, on l’attendait de pied ferme. Une vie moins ordinaire, ce navet, atteignait le fond et creuse encore, tandis que La Plage ne cernait pas bien son sujet. Deux déceptions consécutives. Dans la première moitié de 28 jours plus tard, on jubile, mais ça glisse ensuite. Le sujet est crédible, dès le prologue, quand des environnementalistes pénètrent les lieux d’expériences secrètes. Le ton brutal et direct du scénariste et romancier Alex Garland (La Plage), nous séduit immédiatement. Cru, sans compromis, saccadé, voilà des qualificatifs qui collent à un Boyle plus près des forces de Trainspotting. Il tourne en digital, en lumières désaturées, secondé par un cadreur habitué au dogme, Anthony Dod Mantle (Fête de famille). Pour sûr la caméra devient instable, ça ne fait que refléter le chaos d’une telle situation. Un état d’urgence contre l’infection, rassemblant des survivants de toutes sortes autour de Jim: un père (Brendan Gleeson) et sa fille (Megan Burns) ainsi qu’une tigresse noire impitoyable (Naomie Harris). Aucune esquive dans l’horreur des situations: Jim découvre ses défunts parents dans leur domicile, on découpe les infectés sans hésitations, mêmes les anciennes connaissances, et l’attente d’une nouvelle attaque nous garde en alerte.

Puis il y a cette deuxième moitié, où l’on ne sait plus quelle direction prend le film. On se désintéresse de l’aspect de survie parmi les zombies au profit de la rencontre du groupe de Jim et de neuf militaires retranchés dans une base. La quasi-entièreté de cette tension si savamment orchestrée se dégonfle dans une confrontation malheureusement bien prévisible. 28 jours plus tard s’élève bien plus haut que le film d’épouvante habituel, considérant la quantité de scènes inspirées. Cependant, Boyle et Garland ne réussissent pas à maintenir la force tout au long et à éviter certaines incohérences. Dommage que les effets secondaires de ce film ne soient pas plus persistants.

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