24 Heures de la vie d’une femme : Triple passion
Comment aborder de manière originale l’amour, celui en pleine naissance, surtout celui qui amène un état d’abandon total dès le début? Le dernier film de Laurent Bouhnik (Zonzon), 24 Heures de la vie d’une femme, adapté du roman de Stefan Zweig, s’intéresse à cet état voluptueux de la passion spontanée.
On relate trois histoires à diverses époques, reliées entre elles par deux personnages. Tout d’abord, on a l’aristocrate Marie Collins-Brown (Agnès Jaoui), se remémorant son éphémère aventure avec Anton (Nikolaj Coster-Waldau), un joueur compulsif rencontré dans un casino chic. Puis, on a Louis (Michel Serrault), un vieil ambassadeur las, au bord du gouffre, et sauvé de celui-ci par la jeune et ravissante Olivia (Bérénice Béjo).
Parsemé de flash-back en formes de ponts entre les trois volets, le film plaque trois atmosphères visuelles distinctes. Celle de Marie, 1910, en grisaille et en lumière diffuse pas très loin de l’ère victorienne. La jeunesse de Louis, sous un soleil éclatant, écoutant les confessions de Marie en 1935 dans un hôtel de la Côte d’Azur. Et pour finir, 2001, en verre, métal et néon. Cela donne une saveur particulière à chacun, sans égarement possible, enveloppé dans des litanies d’un Michael Nyman atteint de somnambulisme musical. En inventant le personnage de Louis, le scénariste Gilles Taurand (Nettoyage à sec) et le réalisateur tentaient de réactualiser l’histoire de Zweig (écrite en 1934), de mieux faire passer les motivations de ces femmes. Pari réussi car la narration sert bien les situations. Il est intéressant d’entendre les ruminations intérieures de Marie au sujet des mains crispées d’Anton, en savourant le temps que prend la scène, expliquant de manière appropriée la magie d’être attiré par l’autre. Petit bémol: le choix de Jaoui, à la diction forcée, passablement mal à l’aise dans sa posture, dans ses costumes. Elle n’appartient pas à cet univers. Par contre la chimie vitalité/sagesse est bien sentie grâce à la petite Béjo, qui caracole autour d’un Serrault tout sage. Bouhnik redouble d’ardeur pour donner du lustre, pour soigner la patine et le tempo de son film. Tout cela est fait avec goût et élégance mais de façon curieusement distante, comme si l’émotion ressentie était passagère. Nul coup de foudre dévastateur cette fois-ci.
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